31 mars 2009

Mayotte : écueil ou expérience pilote ?

Départementalisation de Mayotte
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Ecueil

ou

expérience pilote ?
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par
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Alexandre Gerbi
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Après le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar en 2007, sa philosophie de comptoir, ses envolées lyriques calamiteuses, on attendait avec un mélange de curiosité et de crainte le discours de Brazzaville 2009.

Finalement, le 26 mars, on eut droit à ça :

« La démocratie et les droits de l'Homme font partie de notre héritage commun. Ce ne sont pas des valeurs artificielles plaquées sur votre société et qu'une arrogance occidentale ou française aurait décrétée universelle (…) L’humanisme (…) existait au Mali dès le XIIIe siècle. »

« L’Afrique restera une priorité pour la France parce que dans le monde qui se dessine, notre relation étroite offre un atout pour l’avenir. »

« Une nouvelle donne dans ces relations est désormais souhaitable. »

« Mais cela doit susciter l’adhésion de tous. »

De bien belles déclarations, enfin respectueuses du puissant génie de la (des) civilisation(s) africaine(s). Dommage qu’il ait fallu que le chef de l’Etat français, de son aveu même, lise un « précis » d’histoire africaine pour en arriver là. Mieux vaut tard que jamais…

Enièmes carabistouilles ou révolution ?

Malheureusement, le contenu de la « refondation » des relations franco-africaines que l’hôte de l’Elysée appelle de ses vœux demeure mystérieux :

« Reste à définir les termes d’une proximité, d’une proximité renouvelée, débarrassée des pesanteurs du passé dont souffre aujourd’hui cette relation entre l’Afrique et l’Europe qui alimente trop souvent méfiance et soupçons. »

Difficile de faire plus vague…

Sommes-nous condamnés à attendre le prochain épisode de la geste sarkozienne pour savoir si ces mots sont une énième carabistouille de la « Françafrique », ou tout au contraire, l’annonce d’une, ô combien nécessaire, révolution ?

Par un charmant hasard, Mayotte nous offre sur un plateau non pas une réponse, mais une occasion de réponse. Un échantillon de politique franco-africaine appliquée grandeur nature, dans la version extrême du partenariat : la départementalisation.

Cinquante ans après avoir largué l’Afrique et refusé en particulier la départementalisation au Gabon (1958), voici que la Ve République blanciste, guidée par le très « blaqueblanbeuresque » Nicolas Sarkozy, fait mine d’accepter enfin de faire de Mayotte le 101e département français.

Prises de vertige, les chancelleries du monde entier doivent-elles comprendre que le régime s’est engagé sur la voie d’une mutation d’ampleur historique ? C’est en tout cas, on l’espère, le message codé envoyé par l’Exécutif français, mais aussi par le parlement UMP-PS, notamment en direction de l’Afrique ex-française…

Mais alors, le chantier de cette révolution culturelle et politique s’annonce immense.

A l’intérieur, avouer ce qui s’est vraiment passé il y a cinquante ans, le largage de l’Afrique, les rêves égalitaires franco-africains assassinés pour des raisons funestes.

A l’extérieur, que la France et l’Afrique, et leurs peuples, retissent leur histoire commune, sans que les chefs et surtout les élites en prennent ombrage… Après un passé chargé de mépris, de mensonges, de trahisons cyniques, mais aussi d’histoire travestie (jusqu’à Toussaint Louverture présenté comme un ennemi acharné de la France !) et surtout de fraternité refoulée et niée, de telles prouesses ne pourront être accomplies qu’à condition de probe équité.

Or pour le moment, l’affaire paraît bien mal engagée…

Nécessaire égalité sociale

Le gouvernement choisit de départementaliser Mayotte dans des conditions d’inégalité sociale avec la métropole, rattrapage complet à l’horizon… 2035 ! Qui ne voit qu’après cinquante ans de blancisme, cette forme de départementalisation est tragiquement mauvaise ?

Connaissant les forces dudit blancisme, il serait néanmoins présomptueux de dédaigner un si joli coin enfoncé dans la carcasse. Portés par la détermination des Mahorais (95% de « oui » au référendum du 29 mars), savourons donc cette petite extraordinaire victoire sur la Bête, ce triomphe à la fois de la République, de la France et de l’Afrique. En y voyant une étape, dont la particularité est qu’elle doit être immédiatement dépassée. Au profit de l’intégration totale de Mayotte à l’Hexagone. Et bien sûr, de celui-ci à Mayotte...

Sous quelles conditions la départementalisation « pleine et entière » est-elle possible ?

Plutôt que d’aligner arguments et propositions, on se bornera à rappeler que le poids démographique de Mayotte est extrêmement limité – selon les estimations, entre 180.000 et 250.000 habitants, clandestins compris. Autrement dit, Mayotte pèse l’équivalent d’une grande ville moyenne. Dans ces conditions, qui osera nous faire croire que la France, avec ses 65 millions d’habitants, ne peut se payer le luxe d’appliquer l’égalité sociale à un territoire aussi minuscule ?

La disparité économique entre les différents départements hexagonaux, parfois énorme, n’a jamais entraîné la mise en place d’un système social à plusieurs vitesses. De là, comment justifier de tels ajustements au nom du seul caractère ultramarin de Mayotte ? L’argument est, on le voit, spécieux. Pour ne pas dire ignoble et suicidaire, compte tenu de l’ampleur du passif historique accumulé.

Car plus profondément, le gigantesque scandale de la Ve République blanciste, encore inavoué pour le moment (lire à ce sujet nos articles publiés dans Rue89), légitime, à lui seul, un tel effort d’égalité. S’il ne le rend indispensable, au regard des maux qu’il a entraînés, à commencer par la crise morale et identitaire où s’enfonce inexorablement le pays…

Au vrai, dans cette affaire, il ne s’agit pas seulement d’appliquer la nécessaire égalité républicaine. Il s’agit, aussi, d’en finir avec le « deux poids, deux mesures » propre au (néo)colonialisme, qui déshonore le régime depuis des décennies, et menace désormais d’asphyxier la France.

Si un « plan fraternel », c’est-à-dire l’égalité sociale totale, est appliqué avec Mayotte, en plus des mesures qui s’imposent (scolarisation, voirie, aménagements urbains, aide aux entreprises, continuité territoriale, etc.), on peut espérer que le rattrapage économique de l’île en sera nettement accéléré, et prendra bien moins que les 25 ans actuellement prévus par la feuille de route gouvernementale.

Mayotte étant devenue un département français à part entière – pas seulement dans les mots, mais aussi dans les faits –, dans cinq ans, un premier bilan pourra être tiré. Si l’expérience est concluante, un programme similaire pourra être appliqué dans un autre territoire d’outre-mer qui le souhaiterait. Rappelons qu’aujourd’hui, la population de Polynésie française ne bénéficie pas du RMI…

Extension du plan fraternel

Evidemment, si l’expérience se révèle fructueuse, rien n’empêche qu’une opération apparentée puisse être tentée avec un Etat africain dont le gouvernement et la population en émettraient le désir. En particulier un Etat ayant gardé, malgré tout, des liens intimes avec la France, ou qui s’est vu refuser la départementalisation ou le statut d’Etat associé dans le cadre de la Communauté française (rénovée ou pas), il y a cinquante ans…

Dans ce cas, ces Etats étant aujourd’hui indépendants, l’accord d’association, a fortiori la départementalisation, ou tout autre plan de « proximité » qui « reste à définir », devra faire l’objet d’une consultation référendaire en France comme dans les Etats concernés, dans le respect de la démocratie et de l’esprit républicain.

Utopie ? C’est, par exemple, à MM. Sambi, Bongo, Sassou-Nguesso, Tandja et Sarkozy, et à leurs peuples, qu’il faudrait tout simplement poser la question…



Alexandre Gerbi




26 mars 2009

Le jardin des délices et le poids des élites

Mayotte/Afrique/France/Europe
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Le jardin des délices
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et le poids des élites
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par
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Alexandre Gerbi
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Voilà Nicolas Sarkozy qui s’en repart traîner ses tongs en Afrique… Discours prévu à Brazzaville, ancienne capitale de la France libre et lieu de la conférence éponyme (1944), avec espérons-le plus d’inspiration qu’en 2007 à Dakar… Pendant ce temps-là, où en sont les élites noires et blanches ? Nous les avons retrouvées qui dînaient aux chandelles en compagnie de la très affaiblie fraternité franco-africaine, autour d’un excellent Pétrus 1958…


Le 29 mars, malgré les condamnations solennelles de l’Union Africaine, Mayotte choisira peut-être de devenir un département français. Dès maintenant, beaucoup de Mahorais se pâment, pavoisent et triomphent. La mine parfois goguenarde…

De telles effusions peuvent étonner l’âme racornie d’un Français hexagonal, quelle que soit la couleur de sa peau. Mais c’est que les Mahorais connaissent bien l’histoire du « blancisme », cette famille de la pensée politique française qui fait la grimace lorsqu’il s’agit d’octroyer l’égalité politique et sociale aux Ultramarins. Une famille de pensée qui, bien que très minoritaire dans la population française, préside aux destinée de la France depuis des décennies... Pour les Mahorais, la victoire entraîne donc la jubilation et la joie, car la consécration de la lutte remportée contre l’Histoire et le monde se double d’une reconnaissance naguère presque impossible…

Les Quatre Vieilles (Antilles, Guyane, Réunion) eurent les plus grandes difficultés à obtenir la départementalisation en 1946. Le Gabon se la vit refuser en 1958. Les territoires d’Afrique noire furent acculés, en bloc, à l’indépendance en 1960. Quant à Mayotte, minuscule rescapée de la grande lessive, elle réclame la départementalisation, en vain, depuis des décennies… En ces terres de surcroît musulmanes, l’obtenir ressemblerait un peu à un miracle ou à un tournant historique…


Amnésie et bourrage de crâne

Le blancisme intrinsèque de la Ve République (ayant pour principe une définition de Charles de Gaulle, qui définit confidentiellement la France comme « avant tout de race blanche, de culture grecque et latine, et de religion chrétienne ») n’a pas empêché le régime français d’entretenir pendant longtemps les meilleures relations avec l’Afrique. Car par delà la Ve République blanciste, beaucoup de Nègres des années 1960-2000 continuaient (et continuent…) d’aimer la France héritière de 1789, son peuple au naturel égalitaire et fraternel, la bonne « colonisation » française des années 1950, malgré tous ses défauts encore, mais aussi avec ses éclatants débuts de symbioses franco-africaines, à l’heure où l’Amérique écrasait ses Noirs. Parmi les vieux Africains qui ont vécu l’époque, beaucoup regrettent volontiers les tournants égalitaires refusés par l’histoire, les promesses non tenues, les occasions manquées…

Une fois les pseudo-indépendances imposées à l’Afrique, il fallut détruire toutes les prémices de symbioses franco-africaines, ces sensibilités devenues gênantes. On déclencha une formidable propagande en forme de lavage de cerveau… Chez les élites françaises et africaines, cibles privilégiées du travail d’amnésie sous le haut patronage du blancisme, du PCF, de l’Union Soviétique et des Etats-Unis, la fraternité franco-africaine, qui reposait sur un héritage ancien, sublime autant qu’imparfait, fut progressivement refoulée, oblitérée ou détruite…

Le rouleau compresseur idéologique et la broyeuse historique firent le reste, déployant leurs désastres, pendant trois générations, à travers tout le Continent – propagande nationaliste, bourrage de crâne narcissique, collusions avec le néocolonialisme, corruption, détournements gigantesques, dictature, coups d’Etat, guerres civiles, destructions de toutes sortes, misère, famine, maladie, innombrables martyres…

Aujourd’hui que la grande mue de l’univers est à sa pointe, un fossé profond s’est creusé entre la France et l’Afrique.

Non pas entre les peuples, qui continuent de s’aimer et de se respecter, parce qu’ils ont la mémoire tenace et l’humanité chevillée au corps ; or ceux-ci sont les plus nombreux, sinon les plus puissants…

Mais un fossé entre les élites françaises et africaines, et entre ces dernières et la France… Or ces élites, bien que minoritaires, tiennent le haut du pavés et les leviers de commande…


Fossés, petits-fours et champagne

Depuis des lustres, voilà le schéma. Les élites noires et blanches s’entendent très convenablement, se serrent la main, et vivent plutôt bien dans les jardins qu’elles se sont ménagés dans les ruines matérielles ou morales de leurs populations… De là, entre petits-fours et champagne, ces élites africaines et européennes sont toutes forcément d’accord sur un point : la séparation entre la France et l’Afrique, il y a cinquante ans, fut une excellente chose. Le petit peuple en doute ? On s’emploie à l’en convaincre…

Aujourd’hui, chez les Africains, singulièrement chez les plus francisés ou occidentalisés d’entre eux, il n’est pas rare de rencontrer une farouche hostilité à l’égard de la France, très voisine de celle qu’on rencontre chez une certaine extrême-gauche française, sans que ces analogies, d’ailleurs, soient tout à fait fortuites…

Dans les sphères intellectuelles africaines, on n’avoue souvent plus son amour pour la France, ou alors du bout des lèvres ou par subtiles périphrases. Dans certains milieux, la francophilie a des parfums de trahison, tandis que le nationalisme le plus étroit a pignon sur rue et vaut brevet de vertu. La défiance à l’égard de la France se porte en bandoulière. La posture dispense de regarder l’histoire en face : le déni de francité qui souvent fonda les indépendances africaines, la revendication égalitaire contrariée… Dignité sauve, on mythifie la lutte, acidulée aux arômes de fierté et liberté… Cela permet de cacher les petits-fours et le champagne qu’on a bien dans l’estomac, et même de caviarder les yeux de ceux qui pourraient avoir l’idée de s’en plaindre…

Amusantes destinées de la rhétorique : voici que l’idéologie de la séparation, qui servit à justifier le processus d’indépendance et à démolir les espoirs africains, est devenue la meilleure carte de visite de la fierté africaine… Par un incroyable transfert, le catéchisme blanciste, instrument du divorce franco-africain contre la volonté des Africains, trouve dans les élites africaines contemporaines ses meilleurs promoteurs qui, par un suprême paradoxe, entendent y puiser leur légitimité…

A leur décharge, pas plus que les élites européennes, les élites africaines n’ont été épargnées par la puissante propagande de la guerre froide et de ses suites. Et elles aussi en ont souvent été, et en sont encore, les dupes…

Au spectacle de combinaisons aussi retorses, faut-il désespérer ?

Non… Car malgré l’énorme passif accumulé, malgré les désillusions en cascades, malgré la propagande tous azimuts, nombre d’Africains aspirent aujourd’hui à bâtir l’avenir avec la France et l’Europe qui l’accompagne. Sans d’ailleurs que ce rapprochement soit exclusif de la grande idée de l’unité africaine ou panafricaine. N’en déplaise aux partisans du divorce, Blancs ou Noirs, en l’an 2009, nombre d’Africains (mais aussi de Français et d’Européens…) accueilleraient avec bonheur une ample et nouvelle politique franco-africaine enfin fraternelle, au service du bien-être économique et moral des populations des deux continents.
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Quant aux élites politiques françaises, même si elles continuent pour le moment d’esquiver un lourd et pénible mea culpa sur le blancisme du régime fondé en 1958, elles se déclarent décidées à se montrer dignes d’une tâche qui engage notre civilisation, puisqu’il s’agit de réparer les dégâts de décennies, de siècles d’histoire absurde ou rapace…
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Reste, pour ce faire, à répondre à l’appel du petit peuple d’Afrique qui, comme le petit peuple de Mayotte, attend la France avec gourmandise, comme l’Afrique il y a 60 ans. En trouvant cette fois les bonnes modalités, par un dialogue ouvert et d’égal à égal avec les Etats intéressés par une politique franco-africaine novatrice, conjuguée sur les trois axes fondamentaux que sont la santé, l’éducation de qualité pour tous, et la justice sociale…
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Laboratoire de fraternité
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L’Union Africaine condamne violemment le référendum du 29 mars à Mayotte, « organisé sur une terre étrangère ». L’UA réclame, comme l’ONU bien avant elle, le « retour » de Mayotte dans l’Union des Comores…

Ainsi, alors que la départementalisation de Mayotte devrait être le laboratoire d’une nouvelle fraternité franco-africaine, elle menace d’être un outil de discorde entre la France et l’Afrique…

Pour la France, la seule manière crédible de prouver à une Union Africaine de bonne foi et légitimement méfiante à son égard, qu’elle avance non pas en nouvelle impérialiste mais en sœur, c’est d’appliquer pleinement l’égalité sociale à Mayotte. La France doit se montrer digne de la mission que les Mahorais décideront peut-être de confier à la République le 29 mars prochain. Accompagnée de l’Europe et surtout de son premier allié l’Allemagne, elle aussi concernée au premier chef par les grands desseins historiques et fraternels, après un XXe siècle atroce et lamentable, la France est à la croisée des chemins.

Le XXIe siècle de fraternité qu’il faut construire avec l’Afrique comme le souhaitent beaucoup d’Africains, en particulier les plus pauvres d’entre eux, exigera des Français et des Européens une grandeur d’âme jamais vue. Les uns devront regarder en face leur histoire d’amour brisée avec l’Afrique en 1960. Les autres devront cesser d’agir en alliés du blancisme français en s’opposant au mariage franco-mahorais. Car ce mariage, les Mahorais le souhaitent souvent ardemment, comme le souhaitaient la plupart des populations africaines il y a cinquante ans.

Quand on réalise que l’actuelle revendication mahoraise se situe dans le droit fil d’une histoire qui fut jadis bloquée puis ensevelie au gré de considérations antirépublicaines et selon des voies antidémocratiques (affaire gabonaise, loi 60-525, etc.), au mépris des population africaines mais aussi métropolitaines, et avec la complicité de tout ce que le monde comptait, à l’époque, de forces rétrogrades travesties en forces progressistes, on comprend qu’aujourd’hui certains Mahorais espiègles fassent la nique et traitent de « jaloux » les Africains qui leur contestent la départementalisation…

Au lieu de s’obnubiler sur les Mahorais et de maudire certains des plus grands rêves de leurs pères, ces élites africaines devraient, elles aussi, regarder leur histoire en face. Celle d’une Afrique à la fois fière de ses racines mais aussi fascinée et attirée par l’Europe. Une Afrique à la fois sûre de son génie propre, mais aussi éprise du génie spécifique de la France… Ces élites devraient admettre que c’est à force d’avoir été méprisée par un certain Occident, que l’Afrique a fini par ne plus voir tout ce que l’Europe admire chez elle, estime et désire infiniment, et de longue date, en toute fraternité et humanité.

Dans le Jardin des Délices (1504) de Jérôme Bosch, non seulement les Blancs et les Noirs marchent côte à côte, parlent, s’amusent, mais encore ils vivent ensemble la maternité…

En écoutant un peu plus la voix des ancêtres, certaines élites africaines se défranciseraient peut-être un peu, se franciseraient en tout cas autrement, de toute façon s’africaniseraient davantage…

Alors la départementalisation de Mayotte cesserait de leur apparaître comme un scandale ulcérant, comme un nouveau masque de l’impérialisme français ou occidental. Tout au contraire, ils la verraient s’inscrire démocratiquement dans un mouvement infiniment plus vaste et d’une tout autre nature, détail à ne pas manquer dans une tectonique intercontinentale, politique et spirituelle, placée sous le signe de la fraternité et du dépassement historique, de la mutation, du retour aux sources.

Puissions-nous, ici, savoir rester à hauteur d’homme. La France et l’Afrique sont bien davantage faites l’une pour l’autre que ne le disent certaines élites françaises ou africaines, ou plutôt franco-africaines, comme larrons en foire, sous-produits dérisoires d’une idéologie retorse qui bâillonne depuis trop longtemps le petit peuple et ses voix profondes, trahit l’Afrique et la France, et s’enivre dans ses tours d’ivoire…

Le plus grand nombre ayant enfin la parole, comme l’exige la démocratie, avec l’enthousiasme des Mahorais qui, en bons vieux Africains, voient la France bien plus grande que ne la voient les Français, que puisse naître à Mayotte un département franco-africain tout de luxe, de calme et de volupté, comme un tableau de Jérôme Bosch, comme une transe extatique et heureuse, comme une apparition du Grand Esprit N’koué M’bali dans un rêve clair et poussiéreux de Brazza enfant, présage d’un immense ensemble franco, pardon, euro-africain… ou afro-européen… Enraciné dans la nuit des temps et plongé dans le plus grand avenir…


Alexandre Gerbi




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20 mars 2009

Départementalisation de Mayotte

Départementalisation de Mayotte
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Prisonniers
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d'une histoire ancienne
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par
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Alexandre Gerbi
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Le 29 mars prochain, par référendum, Mayotte se verra proposer de devenir un département français.

Le rapport (UMP-PS) de la Commission des Lois explique :

« L’attachement indéfectible de la population de Mayotte à la France, la constance et la force de son aspiration à se rapprocher du droit commun de la République créent des devoirs pour notre pays : prendre en compte cette volonté constitue une exigence démocratique. »


Entre exigence démocratique et… sociale ?

A l’approche du cinquantenaire des indépendances africaines (1960-2010), en accomplissant symboliquement la mutation refusée il y a un demi-siècle, l’Etat français espère-t-il démontrer à la face du monde sa rupture avec la Ve République blanciste ?

A examiner le projet de plus près, loin d’accueillir fraternellement dans la communauté nationale 185.000 Mahorais majoritairement noirs et musulmans, il semble plutôt que le gouvernement s’apprête à faire de Mayotte le théâtre d’une énième aventure ambiguë. Dans la plus pure tradition du régime…

Un seul exemple.

Dans le 101e département français, nos « concitoyens mahorais » seront gratifiés d’un RMI qui ne sera pas le même qu’en métropole. Il lui sera même quatre fois inférieur.

« (…) ce bouleversement déstabiliserait l’économie mahoraise », explique la Commission des Lois.

En son temps, le Ministère de l’Economie Fabius-Parly invoqua semblable souci de l’équilibre des économies locales pour justifier son refus d’appliquer un arrêt du Conseil d’Etat recommandant la « décristallisation » des pensions des anciens combattants africains (ou plutôt franco-africains…).

Force est de constater que le sous-développement (ou le niveau de vie) de la Corrèze n’a jamais induit des tels ajustements…


L’égalité ? Oui… mais

L’Etat français prétend appliquer à Mayotte l’égalité républicaine. Mais fidèle à la tradition typiquement colonialiste du « deux poids deux mesures », il commence par en exclure les montants du RMI et du SMIC, en arguant d’un sous-développement local dans lequel, pourtant, sa responsabilité est patente.

« Une civilisation qui s'avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde », écrivait Aimé Césaire dans son Discours sur le colonialisme.

Comment les députés français peuvent-ils craindre que Mayotte ne sache, dans l’avenir, offrir du travail à sa jeunesse, et lui infliger dans le même temps un sous-régime salarial et social qui pourrait durer jusqu’à « 25 ans » ? Quelle est cette rupture qui emprunte au système qu’elle prétend abattre certaines de ses recettes les plus rances ?

L’Union Africaine a condamné par avance ce référendum organisé sur une terre « occupée par une puissance étrangère », et le colonel Kadhafi accuse la France de « néocolonialisme ». Les députés de la Commission s’en sont offusqués. Pourtant, en traitant comme à son habitude les ultramarins en Français de seconde zone, Paris justifie ces grondements et ces attaques.

Car la départementalisation de Mayotte nous confronte à des problématiques coloniales ou néocoloniales, et s’inscrit dans un contexte historique, politique et géographique complexe.

Or celui-ci est largement caché, voire falsifié, par la Commission des Lois et le gouvernement français, mais aussi par la « gauche de la gauche » française, et certaines des plus hautes instances internationales…


La Révolution anjouanaise

Eté 1997. A l’issue de grèves de longue durée, de soulèvements populaires, de fête nationale non chômée et de 14-juillet fêté, Anjouan et Mohéli font sécession de la République des Comores, et proclament leur rattachement à la France.

A l’époque, l’Union Européenne, l’OUA et Paris condamnent la sécession, et Grande Comore finit par organiser un débarquement militaire pour faire rentrer les « rattachistes » dans le rang. En vain. L’unité de la République des Comores, devenue Union fédérale, ne s’en est jamais vraiment remise.

De là, on comprend qu’aujourd’hui Grande Comore exige plus que jamais la rétrocession de Mayotte, et que celle-ci ne veuille pas en entendre parler.

On comprend aussi que, contrairement à la « volonté » des Mahorais, pas plus en 2009 qu’en 1997 (ou en 1981…) celle des Anjouanais et autres Mohéliens n’inspire à la Commission des Lois et au gouvernement français une quelconque « exigence démocratique »…


Les errements d’une certaine gauche

Dans l’Humanité, le 12 mars 2009, on lisait :

« Jean-Paul Le Coq (PCF) a rappelé, au nom des députés communistes et du Parti de gauche, que « la séparation arbitraire de Mayotte viole l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores et suscite légitimement les condamnations internationales, notamment des États-Unis » ».

A suivre le PCF et le Parti de Gauche, faudrait-il que la France impose l’indépendance à Mayotte, et somme ses populations d’intégrer l’Union des Comores, avec la bénédiction de Washington, selon les méthodes appliquées à l’Afrique française en 1960 ?

Cette gauche stalino-trotsko-sartrienne française, prisonnière d’une histoire absurde ou criminelle qui l’a conduite, il y a cinquante ans, à trahir les rêves égalitaires des Africains au profit de l’impérialisme soviétique et de ses cauchemars (mais aussi, dans les faits, des néocolonialismes français, états-uniens, et autres), se dresse maintenant contre l’unité franco-mahoraise.

Que ne suit-elle dignement l’idéal d’un Senghor, d’un Lévi-Strauss ou même d’un Césaire, tels que la République blanciste, PCF compris, les élimina ou les écrasa, les dégoûta et les aliéna, parce qu’elle refusait de bâtir avec l’Outre-mer un projet fraternel… Il faut relire la lettre de démission d’Aimé Césaire à Maurice Thorez en 1956.


Les monstres de faïence

Si le gouvernement français, dans un respect strict et mutuel avec ses interlocuteurs comoriens et dans un dialogue permanent avec l’Union Africaine, songeait à ouvrir honnêtement et fraternellement les très épineux dossiers d’Anjouan et de Mohéli, il romprait radicalement avec une tradition abjecte.

Or, par un paradoxe qui n’est qu’apparent, s’il s’avisait d’accomplir enfin les rêves de Senghor, de Lévi-Strauss et de Césaire – et même peut-être ceux de Rosa Luxembourg – le gouvernement français trouverait sur sa route une extrême-gauche galvanisée.

Non d’ailleurs sans quelques bonnes raisons, tout de même, puisque le régime, à l’image de son projet de départementalisation de Mayotte ou d’autonomie des Antilles, traîne de vieilles démangeaisons inégalitaires et colonialistes…

Ce face-à-face, absurde et monstrueux, où chacun des adversaires trahit, dans les deux cas et chacun à sa façon, tout à la fois les Nègres, la France, le peuple, la République et ses principes, est le paradigme de tout un système. Espérons-le, agonisant.




Alexandre Gerbi




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19 mars 2009

Face-à-face entre deux mondes

Départementalisation de Mayotte
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Face-à-face
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entre deux mondes
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Le 29 mars prochain, par référendum, Mayotte choisira peut-être de devenir un département français. Cet événement, dans son contenu et par les réactions qu’il suscite, offre un raccourci révélateur des absurdités dignes d’Ubu dans lesquelles la classe politique française gesticule depuis au moins un demi-siècle. En compagnie de pas mal de monde plus ou moins bien intentionné…



« L’attachement indéfectible de la population de Mayotte à la France, la constance et la force de son aspiration à se rapprocher du droit commun de la République créent des devoirs pour notre pays : prendre en compte cette volonté constitue une exigence démo-cratique. »

Tel est l’argument avancé par la commission parlementaire (UMP-PS) pour justifier le choix du gouvernement français d’accorder éventuel-lement la départementalisation à Mayotte.


Entre exigence démocratique et… sociale ?

La population mahoraise verrait ainsi satisfaite sa revendication, à l’horizon 2012. Dans le strict respect de la devise : liberté, égalité, fraternité, dans la laïcité…

Si l’Etat français s’était mis en tête de démontrer, à l’approche du cinquantenaire des indépendances africaines (1960-2010), que la rupture avec la Ve République blanciste est consommée, il ne s’y prendrait pas autrement. En accueillant ainsi, et fraternellement, quelque 185.000 Mahorais majoritairement noirs et musulmans dans la communauté nationale, il en assumerait symboliquement la méta-morphose jadis refusée…

Pourtant… Pourtant, au-delà des effets d’annonce, il semble que le gouvernement s’apprête à faire de Mayotte le laboratoire d’une nouvelle aventure ambiguë, dans la plus pure tradition du régime. Au reste, après la très singulière proposition d’autonomie faite aux Antilles et accessoirement à la Guyane ces derniers mois, difficile de dire, pour le moment, si l’ensemble relève d’une effarante politique de Gribouille ou, plus subtilement, d’un très compliqué brouillage de cartes…

Un seul exemple.

Dans le prétendu 101e département français, nos « concitoyens mahorais » seront gratifiés d’un RMI qui ne sera pas le même qu’en métropole. Il lui sera même quatre fois inférieur.

Motif invoqué par la commission (UMP-PS) pour motiver ce scandale social :

« (…) ce bouleversement déstabiliserait l’économie mahoraise, où le taux de chômage demeure plus du double du taux métropolitain, même s’il a beaucoup diminué. Rappelons à cet égard que le SMIG mahorais, après plusieurs années de forte progression, n’atteint encore que 928 euros par mois ».

En son temps, le Ministère de l’Economie Fabius-Parly invoqua un semblable souci de l’équilibre des économies locales pour justifier son refus d’appliquer un arrêt du Conseil d’Etat, qui préconisait la « décristallisation » des pensions des anciens combattants africains (ou plutôt franco-africains…).


L’égalité ? Oui… mais


L’Etat prétend résolument appliquer à Mayotte l’égalité gravée dans le marbre des frontons de la République. Mais fidèle à la tradition typiquement colonialiste du « deux poids deux mesures », il commence par en exclure les montants du RMI et du SMIC pour « nos concitoyens mahorais », en tirant argument d’un sous-développement local dans lequel, pourtant, sa responsabilité est patente.

Plus grave encore, le sous-développement de la Corrèze n’a jamais inspiré de tels ajustements.

« Une civilisation qui s'avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde », écrivait Aimé Césaire dans son Discours sur le colonialisme.

Est-il vraiment possible, comme le font les députés français, de craindre que Mayotte soit incapable dans l’avenir d’offrir du travail à sa jeunesse (et, pourquoi pas, à celle de l’Hexagone…), et dans le même temps de reléguer l’île dans un sous-régime salarial et social qui, selon la feuille de route gouvernementale, pourrait durer jusqu’à « 25 ans » ? De quelle rupture s’agit-il, quand on emprunte au système qu’on prétend abattre certaines de ses recettes les plus rances ?

L’Union Africaine a condamné, par avance, ce référendum organisé sur une terre « occupée par une puissance étrangère ». Et le colonel Kadhafi, dans cette affaire, accuse la France de « néocolonialisme ». Les députés de la commission s’en sont offusqués. Pourtant, en traitant comme à son habitude les Mahorais en Français de seconde zone, l’Etat français justifie ces grondements et ces attaques.

Car Mayotte nous confronte à des problématiques coloniales ou néocoloniales, et prend place sur un fond historique, politique et géographique complexe, très méconnu, voire falsifié. Non seulement par le gouvernement et ses soutiens. Mais aussi par l’aile gauche de la gauche française, et par certaines des plus hautes instances internationales…


La Révolution anjouanaise

Les députés de la commission (UMP-PS) poursuivent ainsi leur argumentaire sur le RMI à deux vitesses :

« (…) le niveau de revenu et de consommation qui en résulterait inciterait davantage encore les Comoriens à tenter de gagner Mayotte pour y trouver une vie meilleure ; cela risquerait fort de créer aussitôt un grand appel d’air pour l’immigration clandestine, qui pèse déjà lourdement sur le développement de ce petit territoire. »

De toute évidence, la départementalisation de Mayotte est lourde d’implications pour l’Union des Comores.

Les trois autres îles de l’archipel, en particulier Anjouan et la petite Mohéli, vivent les yeux tournés vers Mayotte, que son nouveau statut de département rendrait encore plus attractive, quel que soit d’ailleurs le niveau du RMI.

Dans ce contexte, on comprend aisément que Grande Comore réclame plus que jamais la rétrocession de l’île française, et que celle-ci, pour les mêmes raisons, ne veuille pas en entendre parler.

Singulièrement, les parlementaires passent totalement sous silence un événement pourtant capital de l’histoire comorienne contemporaine : la révolution qui souleva Anjouan et Mohéli en 1997. La commission (UMP-PS) dans son rapport pour la départementalisation, et ses adversaires de gauche (PCF, Parti de Gauche et, semble-t-il, NPA et Verts) dans leurs charges contre celle-ci, font tous mine de l’ignorer. Et pour cause.

Il y a bientôt douze ans, durant cet été 1997, sur fond de grèves de longue durée et de soulèvements populaires, de fête nationale non chômée et, dans la foulée, de 14-juillet fêté, les deux îles firent sécession de la République des Comores, et proclamèrent à plusieurs reprises leur rattachement à la France.

A l’époque, tandis que la France, l’Union Européenne et l’OUA condamnaient les sécessionnistes, Grande-Comore essaya de les faire rentrer dans le rang, par débarquement militaire. En vain. L’unité de la République des Comores, devenue depuis Union fédérale, ne s’en est jamais vraiment remise…

Au demeurant, contrairement à la « volonté » des Mahorais, pas plus aujourd’hui qu’en 1997 (ou en 1981…) celle des Anjouanais et autres Mohéliens n’inspire une quelconque « exigence démocratique » à la commission parlementaire et au gouvernement français.


Les errements d’une certaine gauche

Quant à la gauche stalino-trotsko-sartrienne française, prisonnière d’une histoire absurde ou criminelle qui l’a conduite, il y a cinquante ans, à trahir les rêves égalitaires des Africains au profit de l’impérialisme soviétique et de ses cauchemars (mais aussi, dans les faits, des néocolonialismes français, états-uniens, et autres), elle continue aujourd’hui d’intriguer contre l’unité franco-mahoraise, tout en se réclamant de l’internationale prolétarienne. Le tout au mépris de la démocratie.

Dans L’Humanité le 12 mars 2009, on pouvait lire :

« Jean-Paul Le Coq (PCF, Seine-Maritime) a rappelé, au nom des députés communistes et du Parti de gauche, que « la séparation arbitraire de Mayotte viole l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores et suscite légitimement les condamnations internationales, notamment des États-Unis » ».

Faudrait-il donc, à suivre le PCF et le Parti de Gauche au nom duquel il prétend parler, que la France impose l’indépendance à Mayotte, et somme ses populations d’intégrer l’Union des Comores, avec la bénédiction de Washington, selon les méthodes appliquées à l’Afrique française il y a cinquante ans ?


Les monstres de faïence

Si d’aventure, dans un strict respect mutuel avec ses interlocuteurs comoriens et dans un dialogue permanent avec l’Union Africaine, le gouvernement français cherchait à ouvrir honnêtement le très épineux dossier d’Anjouan et de Mohéli, il romprait radicalement avec la Ve République blanciste. La France suivrait enfin dignement l’idéal d’un Senghor, d’un Lévi-Strauss ou même d’un Césaire, tels que la Ve République blanciste, PCF compris, les élimina ou les écrasa, les dégoûta et les aliéna, parce qu’elle refusait de bâtir avec l’Outre-mer un projet fraternel. Il faut relire la lettre de démission d’Aimé Césaire à Maurice Thorez en 1956.

Par un paradoxe qui n’est donc qu’apparent, s’il s’avisait d’accomplir les rêves de Senghor, de Lévi-Strauss et de Césaire – et même peut-être ceux de Rosa Luxembourg – le gouvernement français trouverait sur son chemin une extrême-gauche galvanisée.

Non d’ailleurs sans quelques bonnes raisons, tout de même, puisque le projet de départementalisation de Mayotte, à l’image du régime qui le porte, traîne de vieilles démangeaisons infâmes, inégalitaires et colonialistes…

Ce face-à-face, absurde et monstrueux, où chacun des adversaires trahit, dans les deux cas et chacun à sa façon, tout à la fois les Nègres, la France, le peuple, la République et ses principes, est le symbole de tout notre régime. Espérons-le, agonisant.



Alexandre Gerbi


Article paru dans Camer.be le 19/03/2009