15 sept. 2011

La Longue Marche des Harkis sous l'invraisemblable silence de la Gauche

les chiens aboient...





La Longue Marche des Harkis

sous l'invraisemblable silence

de la Gauche



par


Alexandre Gerbi






Comme annoncé au mois de juillet dans les colonnes d’AgoraVox et sur le blog Fusionnisme, la Longue Marche des Harkis a commencé. Depuis le 22 août 2011, la caravane conduite par Zohra Benguerrah et Hamid Gouraï a quitté son point de départ, la préfecture de Montpellier, avec pour objectif, après 34 étapes à travers le pays, d’entrer dans Paris dans la nuit du 24 au 25 septembre prochains, flambeaux de la mémoire à la main. Pour faire plier Nicolas Sarkozy.


Après avoir assiégé l’Assemblée nationale et le gouvernement sarkozyen pendant près de deux ans et dans des conditions parfois extrêmement difficiles, Zohra Benguerrah et Hamid Gouraï, fille et fils de Harkis, ont décidé de passer la vitesse supérieure.

« Comme Sarkozy s’obstine à nous ignorer, explique Zohra, nous ripostons en l’accusant plus que jamais de parjure. Nous voulons maintenant coaliser les Harkis et les Pieds-Noirs, ainsi que tous les Français qui ont la mémoire tenace, pour forcer Nicolas Sarkozy à respecter enfin sa parole de 2007. »

De fait, Nicolas Sarkozy, sixième président de la Ve République blanciste, a commis un mensonge d’Etat.

Flash back. Avril 2007. L’ineffable Sarko, alors en grand besoin de voix pour battre son adversaire socialiste Ségolène Royal, ne reculant devant aucun cynisme et pratiquant sans vergogne le mensonge, n’hésite pas à faire vibrer la corde sensible :

« Les Harkis ont cru en la parole de la France, je serai celui qui tiendrai cette parole ». « Si je suis élu, je veux reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre des Harkis et d'autres milliers de musulmans français qui lui avaient fait confiance. Afin que l'oubli ne les assassine pas une nouvelle fois. »

Difficile de ne pas relever que pareils accents, hypocrites et électoralement intéressés, font étrangement penser à son illustre devancier, Charles de Gaulle…

D’ailleurs, depuis, le leader de l’UMP, qui a été élu, s’est bien gardé de tenir sa promesse. Hamid Gouraï, en fin juriste, corrige et souligne : « Ce n’est pas une promesse : c’est un engagement. »

On le sait, profonde est la confusion, immenses sont les contradictions qui frappent la classe politique française, dès qu’il s’agit de la « décolonisation », qu’il s’agisse en particulier de celle de l’Algérie ou de l’Afrique subsaharienne…

Résultat, à l’heure qu’il est, alors que la Longue Marche des Harkis devrait bénéficier du soutien de tous les partis politiques français, elle n’a reçu que celui… du Front National !

Pourtant, depuis les origines de leur combat, Hamid Gouraï et Zohra Benguerrah proclament qu’ils appellent tous les soutiens, d’où qu’ils viennent, dans une union sacrée de tous les Français contre le Système de la Ve République. Leur démarche, expliquent-ils, est apolitique, en ce sens qu’elle n’est ni de droite, ni de gauche, mais qu’elle se fonde simplement sur le droit, en particulier les Droits de l’Homme, l’Histoire, ainsi que sur les principes fondateurs de la République, Liberté, Egalité, Fraternité. Et, bien sûr, la mémoire de leurs pères et l’amour de la France, conformément à une certaine idée de la conscience citoyenne.

Zohra le rappelle : « La France, mais aussi l’Afrique, en particulier l’Algérie, ont été bafouées, trahies, exploitées et défigurées par Charles de Gaulle et ses successeurs, notamment Nicolas Sarkozy. »

C’est ainsi que fidèles à une haute conception de l’humanisme, de la dignité humaine et de la France, pendant leur long et parfois très difficile séjour sur la place Edouard Herriot, sous les fenêtres aveugles du Palais Bourbon, Zohra et Hamid ont accompagné, soutenu et aidé à leur modeste échelle les sans-papiers africains, ouvriers arnaqués, c’est un comble, pendant l’aménagement des nouveaux bâtiments de l’Assemblée nationale… Des déshérités du Système impitoyable de la Ve République blanciste, qui cherchaient, épaulés par la suite notamment par la CGT, à sortir, eux aussi, du mépris d’Etat.

Ce soir, Zohra et Hamid bivouaquent du côté Saint-Pierre-le-Moûtier (Nièvre). Dans leur tente Quechua plantée devant la mairie, sous l’œil de la gendarmerie, ils ont déposé plainte contre le préfet, qui prétend n’avoir jamais reçu leur demande de manifester. En attendant, banderoles et drapeaux tricolores déployés, ils affirment, comme ils le répètent depuis bientôt trois ans d’action ininterrompue, qu’ils iront « jusqu’au bout ».

Il est temps que, fidèle aux encouragements que Marie-George Buffet (PCF), à l’instigation d’André Génissieux (Secrétaire régional du MRAP Languedoc-Roussillon), avait courageusement prodigués dans une lettre aux assiégeurs du Palais Bourbon, il est temps que la Gauche, le Parti Communiste Français, le Parti Socialiste ainsi que les Verts et, pourquoi pas, les partis de l’extrême-gauche trotskiste, apportent leur soutien aux Harkis dans leur lutte contre Nicolas Sarkozy, pour la reconnaissance des mensonges et des crimes de la Ve République blanciste.

La Gauche va-t-elle, une fois de plus, laisser au Front National le monopole de ce qui est bien plus qu’un symbole – comme jadis, on croit rêver, le monopole du drapeau tricolore et de la Marseillaise, pourtant emblèmes de la Révolution française et du peuple soulevé contre la tyrannie ? Alors même que l’élection présidentielle approche, et que les voix seront, comme toujours, âprement comptées. Car selon toutes les études d’opinion, une très large majorité soutient la cause des Harkis…

Reconnaissance de la responsabilité, non pas de la France, mais du gouvernement français, à commencer par son chef, Charles de Gaulle, dans l’holocauste de 60.000 à 200.000 Harkis et Algériens francophiles, ainsi que dans l’exode tragique d’un million de Pieds-Noirs, sur fond de martyre de toute l’Algérie : tel est le combat héroïque de Hamid Gouraï et Zohra Benguerrah.

Qu’il me soit permis d’ajouter, pour ma part : il doit être solennellement reconnu que l’Etat de la Ve République blanciste dirigé par Charles de Gaulle a largué les populations d’Afrique, y compris subsaharienne, en vue de préserver l’Hexagone de la « bougnoulisation » ; mais aussi, en refusant la citoyenneté française (ou franco-africaine) aux Africains et en les dépossédant, au mépris de leur volonté (Loi 60-525), de la démocratie et du cadre protecteur de la République, il a pu mettre en place les conditions du néocolonialisme et l’organiser sans entraves. Les Harkis furent immolés sur l’autel de ce dessein dément et monstrueux. Car ils étaient l’incarnation du rêve de l’unité franco-algérienne et franco-africaine, qu’il fallait, à tout prix, liquider.

En cette rentrée 2011-2012, campagne présidentielle en ligne de mire, tandis qu’à travers Zohra Benguerrah et Hamid Gouraï, les Harkis marchent sur Paris et que la France est plus que jamais sous pression, puisse la Gauche oser défier ce Système tout-puissant qui, jusqu’à présent, tient Nicolas Sarkozy tétanisé.


Alexandre Gerbi







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13 sept. 2011

Comment l'Euro peut (encore) sauver l'Euro... et le reste !

une vis dévisse par vice...





Comment l'Euro peut (encore)


sauver l'Euro... et le reste !



par


Alexandre Gerbi




Il y a un an et demi, en mai 2010, je publiai successivement deux tribunes économiques sur le blog Fusionnisme, et une sous une forme plus courte, dans Rue89, intitulées : « Il faut assujettir la banque centrale européenne » et « Le choix calamiteux de Jean-Claude Trichet, de la BCE et des dirigeants européens ».

J’écrivais alors : « Le Traité constitutionnel européen, rejeté par le peuple français en 2005 puis passé en catimini par Nicolas Sarkozy et ses alliés de gauche en 2007, comportait de nombreuses clauses inacceptables. En particulier l’indépendance de la Banque centrale européenne (BCE). La crise grecque nous confronte à l’absurdité de ce principe, et à son extrême dangerosité. (…)

Pour aider la Grèce, l’Union européenne, ou plutôt la zone euro, en particulier la France et l’Allemagne, mais aussi l’Espagne et surtout le Portugal, sont conviés à jouer les bailleurs de fonds. Une façon, qui se veut habile, de court-circuiter le petit jeu auquel se livrent les agences de notation. Solidarité touchante, mais étrange quand on sait que l’Espagne et le Portugal sont plutôt mal en point, et menacés de dégradation par les très redoutées agences de notation basées à Wall Street, par ailleurs point de départ de la crise financière mondiale…

A ce stade, une question s’impose : à quel niveau d’émission de valeur sans contrepartie (c’est-à-dire sans bons du trésor en échange, contrairement à la pratique habituelle) la BCE provoquerait-elle une dévaluation de l’euro comparable à celle que la crise grecque a provoquée pour l’instant, soit dix à vingt centimes face au dollar US ? (…)

Une rupture de l’Europe avec l’orthodoxie monétaire, par l’assujettissement absolu de la BCE au pouvoir politique, permettrait, en libérant d’immenses moyens jusqu’à présent confisqués, d’ouvrir la voie d’une révolution qui serait peut-être la plus grande de l’histoire de l’humanité. En rendant une force de frappe financière à des Etats européens que la singulière attitude des marchés internationaux et des agences de notation états-uniennes mettent en porte-à-faux.

Alors, préférera-t-on laisser filer l’euro, quitte, en fin de compte, à le voir démanteler et disparaître, sous prétexte – quel paradoxe ! – de le préserver par respect scrupuleux et suicidaire de principes parfaitement contestables ? Tout au contraire, ne ferait-on pas mieux d’utiliser dès à présent ce merveilleux outil qu’est l’euro, encore essentiellement préservé à l’heure qu’il est, pour relancer l’économie européenne et développer ce grand partenaire naturel de l’Europe qu’est l’Afrique ? La science économique et la monnaie ne doivent-elles pas d’abord être envisagées comme des instruments à la disposition du politique, au profit du bien-être du peuple ?

Mais pareille approche impliquerait un courage et surtout une liberté de pensée à l’égard de tous les dogmes. Des qualités qui, depuis longtemps, font cruellement défaut au personnel politique du vieux continent, et nous conduisent au tombeau… »

Dans le second article, je notais :

« S’affranchir de l’orthodoxie monétaire aurait permis de dégager d’importantes liquidités « saines » (quelques dizaines, voire quelques centaines de milliards d’euros) pour colmater immédiatement les brèches budgétaires et relancer les économies des Etats en difficulté, sans faire peser outre mesure l’effort sur les particuliers, mais sur un cours de l’euro d’ailleurs encore inutilement haut. Par la même occasion, l’opération, en assujettissant la BCE aux gouvernements de la zone euro, aurait permis de lancer un signal fort à l’adresse des marchés, en rappelant qui est le vrai maître du jeu. Cerise sur le gâteau, l’opération aurait permis le lancement d’un vaste plan de développement de l’Afrique, partenaire incontournable et prioritaire pour l’Europe, à tout point de vue, y compris éthique et historique.

Le choix de la BCE et des gouvernements européens est exactement inverse : faire peser l’effort sur les Etats et, partant, sur les particuliers, sous prétexte de protéger l’euro. Le tout sans jamais inscrire l’opération dans le cadre d’une stratégie plus vaste... Ce qui risque, en définitive, de provoquer tout de même une chute de la devise européenne dans des proportions plus graves encore.

A l’arrivée, nous risquons d’être perdants sur tous les tableaux. Car l’avantage reste, une fois de plus, dans le camp des marchés et des agences de notation, pourtant responsables dans une large mesure de la crise financière. Avec, en face, les Etats européens, comme toujours égotistes, aveugles ou pusillanimes.

Que l’euro dégringole ou explose en vol, la planche à billet désormais bel et bien interdite, ils seront Gros-Jean comme devant… »

Un an et demi plus tard, où en sommes-nous ?

L’euro s’est à peu près maintenu face au dollar, ce qui pourrait inciter à penser que la monnaie européenne a résisté jusqu’à présent. Résistance en trompe-l’œil, en réalité, car pendant la même période, l’euro s’est écroulé, par exemple, face au franc suisse ou au dollar canadien. Quant au yuan chinois, les grands argentiers du monde, habituellement adeptes de la loi souveraine des Marchés, seraient bien gentils de nous expliquer au nom de quoi ils acceptent que l’Etat chinois le manipule à discrétion, en le maintenant à des niveaux artificiellement bas…

Quoi qu’il en soit, de fait, c’est parce que le dollar, à l’image de l’économie US, s’écroule lui aussi, que l’euro, bien que lui-même en phase d’effondrement, se maintient face à la devise états-unienne… Deux pierres qui chutent en même temps peuvent paraître immobiles l’une par rapport à l’autre…

A l’heure qu’il est, de nombreux économistes prédisent l’implosion prochaine de la zone euro, ou de l’euro lui-même.

Dans cette perspective éventuelle, et pendant qu’il en est encore temps, nous ne saurions trop réitérer les impératifs que nous énoncions il y a un an et demi : assujettissement de la Banque Centrale Européenne (BCE), émission immédiate de 1000 milliards d’euros affectés, pour un tiers, au refinancement à taux 0% de la dette grecque et des autres Etats européens en difficulté (Irlande, Portugal, Espagne…), pour un tiers au lancement de grands travaux en Europe (UE), et pour un dernier tiers au déploiement d’un vaste programme d’enseignement pour les populations africaines (assorti, pourquoi pas, d’un programme de sécurité sociale pour les mêmes populations), en coordination avec des Etats africains volontaires et partenaires pour ce grand projet. Le total des émissions monétaires de la BCE pouvant s’élever à 2000 voire 3000 milliards d’euros sur 5 ans (2011-2016), voire davantage si l’opération se révèle, dans ses applications, encore plus efficiente.

Car bien évidemment, pour éviter que pareil plan n’entraîne une dévaluation excessive (quoique souhaitable si elle est modérée, c’est-à-dire de l’ordre de 20% à 25% face au dollar US) de la monnaie européenne, il conviendra d’utiliser cette manne financière avec discernement, comme je l’ai déjà expliqué dans les articles de 2010 évoqués plus haut. Il conviendra aussi, pour faire pièce aux agences de notation anglo-saxonnes et chinoise, que l’Union Européenne et la BCE reprise en main créent très rapidement une Agence de Notation et d’Evaluation Européenne (ANEE).

A défaut, l’euro risque bel et bien d’exploser, et le retour au franc, préconisé de façon notamment par Marine Le Pen, limitera drastiquement voire nous privera de la planche (à billets) de salut que constitue encore, à l’heure où j’écris ces ligne, la monnaie européenne.

Il nous restera alors nos yeux pour pleurer et regretter amèrement de n’avoir pas su profiter de ce formidable outil qu’est (ou qu’était…) l’euro, et de l’avoir, pour cette raison même, détruit.

Alexandre Gerbi





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9 sept. 2011

Le Triangle des Bermudes de la Présidentielle

Ce que j'ai expliqué ce matin à Eugénie Diecky,
au micro d'Africa N°1...





Le Triangle des Bermudes

de la présidentielle




par


Alexandre Gerbi






En cette rentrée 2011, ce qui me lasse, c’est que tandis que la France est dans une situation lamentable à tout point de vue et qu’il lui faudrait un électrochoc et un changement profond pour espérer s’en sortir, l’élection présidentielle qui se profile, dans sept ou huit mois, semble devoir nous conduire tout droit à ce que j’appellerai le Triangle des Bermudes.

Triangle des Bermudes parce qu’au deuxième tour, sauf coup de théâtre, il faudra faire un choix qui n’en est pas un, entre trois solutions aussi dangereuses les unes que les autres :

- Premièrement, soit réélire Nicolas Sarkozy dont la politique, entre guerres néocolonialistes et soumission au système ultra-libéral, est à l’évidence essentiellement calamiteuse pour le pays.

- Deuxièmement, soit élire le candidat socialiste, a priori Martine Aubry ou François Hollande dont le programme politique est nul au sens propre, c’est-à-dire que c’est un désert d’idée total, à tel point que le PS est d’accord avec Sarkozy sur l’essentiel (Libye, Côte d’Ivoire, Europe, etc.)

- Troisièmement, soit se rabattre sur le Front National de Marine Le Pen, dont les conceptions sont pour la plupart délirantes, et éminemment dangereuses.

Or il se trouve que pour le moment, aucun des « petits » candidats, d’Eva Joly à Jean-Luc Mélenchon en passant par François Bayrou ou Arnaud Chevènement, ne semble avoir le programme nécessaire pour se hisser au second tour et nous épargner ce triangle infernal. Et c’est cela qui est dramatique, cette absence programmée d’un 4e homme (ou d’une 4e femme) et qui nous condamne au fameux « triangle des Bermudes ».

Alors, cause désespérée ? Pas forcément…

Pour déjouer le piège, il faudrait qu’un parti (et un candidat…) se lève avec une grande idée. Une grande idée, c’est-à-dire une vision novatrice qui permette de résoudre tous les aspects de la crise française : social, économique, politique, historique, idéologique... Si un parti se levait avec une pareille grande idée, en particulier à gauche, il s’ouvrirait sans doute un boulevard devant lui.

Quelle est cette grande idée ? Eh bien, tout simplement, car quand on y réfléchit c’est une évidence et pour mille raisons, c’est mettre l’Afrique au centre de la politique française et européenne. C’est cela qu’un candidat doit faire dans le cadre de la campagne présidentielle 2012.

Utopie ? Pas si sûr...


Alexandre Gerbi







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