La Longue Marche des Harkis contre le cynisme de Nicolas Sarkozy et les crimes de la Ve République blanciste
Comme la présidentielle approche…
La Longue Marche des Harkis
contre le cynisme de Nicolas Sarkozy
et les crimes de la Ve République
blanciste
par
Alexandre Gerbi
Après avoir assiégé le Palais Bourbon et l’Etat sarkozien pendant presque deux ans, Zohra Benguerrah et Hamid Gouraï ont décidé de porter la lutte en Province. Pour mieux revenir à Paris, en septembre, après une « Longue Marche » à travers la France. Objectif : vaincre le mutisme et les puissants blocages de la Ve République blanciste et de son serviteur et chef actuel, Nicolas Sarkozy. Pour l’honneur des Harkis.
Tout le drame de la société française est inscrit dans l’ADN de la Ve République blanciste. Notre époque en subit les effets catastrophiques, depuis les banlieues en ébullition jusqu’à la neurasthénie collective, en passant par la relégation économique, le recul social et l’effondrement culturel. Ainsi meurt le pays, à petit feu, de plus en plus affaibli sous les yeux impuissants des Français.
Au nom d’un piège logique effrayant, sous prétexte de maintenir debout la statue de l’intouchable Commandeur qui s’identifia jadis à la France, on finit, suprême paradoxe, par sacrifier la France sur l’autel de Charles de Gaulle…
Mais il est vrai que régime, la Ve République devenue blanciste, érigé sur la trahison de l’esprit de Mai-1958 et partant sur sa propre trahison, a sacrifié depuis longtemps une certaine idée de la France au profit d’une autre, totalement contraire aux principes les plus fondamentaux de la République. On n’est donc plus à ça près…
« De Gaulle et ses petits amis ont détruit la France » explique Zohra. « L’Algérie a été abandonnée à l’ennemi pour des raisons honteuses, on le sait maintenant, mais c’est un tabou que les politiques préfèrent taire, à commencer par Nicolas Sarkozy. »
C’est pourtant un fait historique : à la République franco-africaine égalitaire et sociale prônée dans les années 1950 par les grands leaders africains et l’avant-garde de l’école anthropologique française (à commencer par Claude Lévi-Strauss…), Charles de Gaulle et ses alliés substituèrent la France « blanche, gréco-latine et chrétienne » arrimée à la blanche Europe et à la non moins blanche Amérique. Et essentiellement réduite à l’Hexagone…
C’est dans ce contexte de mise au ban, de largage ou, si l’on préfère, d’arrachement organique de l’Afrique à la France (et réciproquement…) que prend place la tragédie des Harkis.
L’Etat français abandonnait l’Algérie (et l’Afrique en général…) pour éviter la « bougnoulisation » (selon l’élégante formule de Charles de Gaulle…) et l’islamisation de la métropole (se reporter, entre autres perles, à la fameuse citation de De Gaulle sur « Colombey-les-Deux-Mosquées »), ce n’était donc pas pour y accueillir des millions d’Algériens arabo-berbères et musulmans…
Incarnations du rêve d’une Algérie française de l’égalité et de la fraternité que le Général jugeait absurde – même si c’est sous prétexte de la bâtir qu’il s’était emparé du pouvoir, à la faveur des événements du 13 mai 1958 dont lui et ses hommes tiraient les ficelles… – , il ne restait plus aux Harkis, une fois le largage de l’Algérie opéré, qu’à disparaître de la grande scène de l’Histoire, et à payer le prix de leur « erreur ». Au passage, surtout, le reste de l’Algérie se le tiendrait pour dit, elle qui avait sottement acclamé le projet égalitaire annoncé au printemps 1958 par de Gaulle qui, de son aveu même, « finassait »… Mais il est vrai qu’au bout de la route égalitaire, un président arabe, berbère, musulman (ou noir…), pendait au nez de la France blanche, chrétienne et gréco-latine. Le mensonge permit de séduire et d’utiliser ceux-là même qu’il s’agissait d’évincer… Car la fraternité égalitaire dont il se faisait le champion dans ses discours à Alger ou à Mostaganem, on le sait aujourd’hui, Charles de Gaulle n’en voulait à aucun prix.
En livrant les Harkis à la mort, de Gaulle fit donc d’une pierre trois coups : d’abord, cela empêcha des centaines de milliers, voire des millions d’Algériens de venir « bougnouliser » la France (nombre de rescapés furent d’ailleurs enfermés dans des camps de concentration dans le sud de la France) ; ensuite, cela permit, avec l’aide du FLN, de faire rentrer dans le rang les autres Algériens, qui effrayés par les massacres des Harkis et des Algériens francophiles, oublièrent d’urgence, sous peine de mort, leur attachement à l’Algérie française ; cela permit, enfin, d’effacer dans le sang les traces de la trahison gaullienne : en Algérie, chacun étant invité à proclamer qu’il avait toujours été pour l’indépendance et pour le FLN, cette belle unanimité permit d’accréditer la thèse de Charles de Gaulle, selon laquelle sa politique avait répondu à la volonté du peuple algérien. Alors même que ce qu’il fit en Afrique subsaharienne suffit à démontrer que de la volonté des populations d’outre-mer, l’auteur de l’Affaire gabonaise et de la Loi 60-525, mais aussi des Accords d’Evian, n’avait cure…
« L’an prochain, en 2012, l’Etat français va-t-il oser fêter l’indépendance algérienne ? » interroge Hamid Gouraï.
Quand on comprend que le processus de dépossession de la citoyenneté française (ou franco-africaine…) de millions de Français africains, par le dépeçage de l’ensemble franco-africain, consista en la mise en place d’un apartheid à l’échelle intercontinentale, le silence de nos élites politiques et intellectuelles prend tout son sens. Comment, en effet, avouer l’inavouable, et surtout le colossal ? D’autant que le scandale va ne s’arrête pas là. Car nous parlons bien ici de la France, c’est-à-dire censément de la « patrie des Droits de l’Homme » où la démocratie, c'est-à-dire la souveraineté du peuple, est en principe la règle. Or il va sans dire que dans le largage de l’Afrique, la démocratie fut foulée aux pieds (Affaire gabonaise, Loi 60-525, etc.) en même temps que les principes les plus fondamentaux de la République (Liberté, Egalité, Fraternité, et Laïcité).
Face à l’ampleur inouïe du scandale, la classe politique et médiatique joue donc la carte de l’omerta. Et Nicolas Sarkozy s’obstine à trahir ses engagements de 2007. Alors candidat en campagne, il avait solennellement déclaré :
« Les Harkis ont cru en la parole de la France, je serai celui qui tiendrai cette parole ». « Si je suis élu, je veux reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre des Harkis et d'autres milliers de musulmans français qui lui avaient fait confiance. Afin que l'oubli ne les assassine pas une nouvelle fois. »
Avide de voix à la veille d’une élection à l’issue encore incertaine, le candidat Sarkozy n’hésitait pas à faire vibrer la corde sensible. Avec plus de quatre ans de recul, il faut bien constater que l’actuel président de la République se contentait alors de mentir aux Harkis, à la manière de son illustre prédécesseur. Au gré d’un cynisme que pareille mise en abyme rend tout bonnement effarant…
C’est en réponse à cette parole trahie par l’actuel président de la République, à cette incroyable marque de mépris mêlée d’injure (somme toute logique de la part de l’actuel chef du Système de la Ve République blanciste…), que Zohra Benguerrah et Hamid Gouraï, fille et fils de Harkis, ont décidé d’organiser la résistance contre Nicolas Sarkozy. Leur espoir : soulever la France, qu’elle soit Harkie, Pied-Noir ou simplement compatriote. A l’heure où les Français semblent anesthésiés par un Système complètement bloqué qui les manipule, les exploite et les traîne dans la boue pour mieux les conduire droit dans le mur, Zohra et Hamid sont-ils donc de grands naïfs ?
Pour eux, la question ne se pose pas en ces termes : ils défendent la mémoire de leurs pères, en même temps qu’une certaine idée de la France, qui n’était pas celle de Charles de Gaulle…
Pendant plus d’un an et demi, à partir de mai 2009, Zohra et Hamid ont assiégé l’Assemblée nationale, vivant sur la place Edouard Herriot et subissant jour après jour les persécutions du système sarkozien. Avec en point d’orgue la saisie de leur véhicule, pour un motif fallacieux. Mais il est vrai que le break Xantia Citroën leur servait d’abri et même de « maison », et cela, l’Elysée le savait...
Après quasiment deux ans de vie sous les fenêtres du Palais-Bourbon et dans des conditions certains jours extrêmement difficiles (en particulier après la saisie du véhicule…), constatant que Nicolas Sarkozy était déterminé à maintenir son parjure, ils ont décidé de porter le combat en Province. Pour mieux revenir à Paris au mois de septembre prochain, c’est-à-dire six mois avant l’élection présidentielle, qui obsède tant Nicolas Sarkozy…
Ayant quitté Paris fin mars pour un grand colloque Harkis/Pieds-Noirs organisé à Montpellier, Zohra et Hamid ont depuis, outre plusieurs manifestations dans le sud de la France, bloqué, le 2 avril 2011, quatorze trains en gare de Nîmes. Puis le 14 mai 2011, cette fois à Montpellier, toujours aux cris de : « De Gaulle, assassin ! Sarko, menteur ! », ils ont bloqué les TER pendant deux heures.
« Le 11 juin, explique Hamid, on a manifesté aussi à Albi, puis le 2 juillet, on est passé à l’action : on a soulevé les barrières automatiques du péage du viaduc de Millau : gratuité pour tous les véhicules. On distribuait des tracts, les gens étaient contents. Drapeaux tricolores, chants des Africains, tout le folklore. Nous allons renforcer les opérations coup de poing tout au long du mois de juillet. »
A chaque fois, ils ont accompagné leur action d’échanges avec les passants, presque toujours favorables (dans les enquêtes d’opinion, 80% des Français soutiennent la lutte des Harkis) pour les sensibiliser un peu plus à leur cause. Petit à petit, les énergies se fédèrent, malgré le silence médiatique…
Enfin, après cette série d’actions, le 22 août, Zohra, Hamid et leurs compagnons entameront « La Longue Marche des Harkis, Pieds-Noirs et compatriotes », qui les conduira de Montpellier jusqu’à Paris.
Le 22 août, le départ sera donné à la préfecture de Montpellier, à 7h du matin. Pour un périple de 34 jours de marche, qui les conduira jusqu’à l’Assemblée nationale. En passant notamment par Nîmes, Castillon-du-Gard, Bagnols-sur-Cèze, Pont-Saint-Esprit, Bollène, Montélimar, Valence, Saint-Valier-sur-Rhône, Saint-Etienne, Clermont-Ferrand, Aigueperse, Moulins, Bourges, Orléans, Etampes, Bourg-la-Reine.
Hamid précise :« Seule la mairie de Saint-Vallier-sur-Rhône nous refuse l’hébergement, sous prétexte de travaux dans les infrastructures… », avant d’ajouter : « Mais nous avons reçu le soutien de plusieurs hommes politiques : j’ai parlé avec M. Daniel Colin, ancien député UDF, membre honoraire de l’Assemblée nationale, qui m’a dit : « La France doit bien cela aux Harkis, je serai à vos côtés ». Les députés Jean-Louis Touraine du PS ainsi que le député UMP Pierre Morel-à-l’Huissier nous soutiennent aussi. Mais il y en a d’autres. Marie-Georges Buffet aussi soutient la lutte des Harkis. Sans oublier Jean-Marie Le Pen, qui était venu nous rendre visite et nous soutenir pendant le siège de l’Assemblée nationale. Nous fédérons les énergies, nous poursuivons la lutte et nous gagnerons, car notre cause est juste et nous sommes de plus en plus forts. »
Zohra renchérit : « Que tous ceux qui se sentent concernés, Harkis, Pieds-Noirs ou tout Français, nous rejoignent. Qu’ils montrent leur détermination. C’est nos pères en même temps que la France que nous défendons. On aime la France, une certaine idée de la France, qui n’était pas celle de Charles de Gaulle. Les hommes politiques ont vendu leur patrie en échange des privilèges », scande Zohra. « La France, moi, je ne la vends pas, je l’aime et je la défends »
Conscient de l’ampleur de l’enjeu et des chausse-trapes dont la Ve République est spécialiste, Hamid souligne : « Il n’est pas question de laisser Nicolas Sarkozy entourlouper son monde. Ce n’est pas la responsabilité de la France que Sarkozy doit reconnaître, c’est la responsabilité de l’Etat français, en particulier celle de Charles de Gaulle et de son gouvernement. Car dans cette affaire, la France a été victime, comme les Harkis, les Algériens francophiles et les Pieds-Noirs. Accuser la France comme le fait Sarkozy, c’est à la fois insulter la Nation, et épargner les vrais coupables ! Le coupable, je le répète, ce n’est pas la France : c’est l’Etat français et son chef, Charles de Gaulle. C’est cela que Sarkozy doit reconnaître, et pas autre chose. »
Au trente-troisième jour de marche, Zohra, Hamid et tous ceux qui auront rejoint leur « Longue marche » bivouaqueront à Bourg-la-Reine. Veillée d’armes. Le lendemain, 24 septembre, en début de soirée, ils quitteront cette dernière ville-étape pour Paris.
Arrivée prévue à l’Assemblée Nationale dans la nuit, flambeaux à la main, vers 1 heure du matin. « Les flambeaux allumés de nos pères », explique Zohra, la voix chargée d’émotion.
Le lendemain, 25 septembre, ils se rendront aux Invalides, pour la cérémonie annuelle d’hommage aux Harkis. Puis ils pousseront jusqu’aux Champs-Elysées, pour déposer une gerbe sous l’Arc de Triomphe, sur la tombe du soldat inconnu. En hommage à la mémoire des Harkis et, à travers eux, à celle des innombrables martyrs de la politique antirépublicaine, antidémocratique et anticonstitutionnelle, en un mot vastement criminelle, de Charles de Gaulle.
Un hommage particulier sera rendu à la mémoire du député socialiste Patrick Roy, emporté par un cancer en mai dernier. Le député du Nord avait posé la question à Hubert Falco, le 29 décembre 2009 : « M. Patrick Roy attire l’attention de M. le secrétaire d’Etat à la défense et aux anciens combattants sur les engagements pris par la candidat Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle de la reconnaissance officielle de la responsabilité de la France quant au traitement infligé aux anciens Harkis et à leurs familles depuis la fin de la guerre d’Algérie. Il lui demande quelles mesures il compte prendre en la matière. »
La réponse d’Hubert Falco ayant esquivé le fond de la question, Patrick Roy l’a réitérée les 27 avril 2010 et 21 septembre 2010. En vain. Le député Patrick Roy est mort sans avoir obtenu de réponse…
Alexandre Gerbi
Libellés : 1958, 1962, afrique, algérie, charles de Gaulle, cinquantenaire des indépendances, décolonisation, harkis, mensonge, nicolas sarkozy
1 Comments:
Je ne suis pas du tout d'accord avec votre analyse de république blanciste. Autant je partage votre combat pour la reconnaissance de la responsabilité de De Gaulle et de son gouvernement dans l'abandon des harkis, il est vrai pour des motifs raciaux, autant le recours volontaire à une main d'oeuvre immigrée sous-payée puis la politique néfaste de regroupement familial de ce même De Gaulle et de ses successeurs, contredit votre vision raciale de la France.
Ce qui est en jeu, ce n'est pas la couleur de peau du Président de la République française, c'est l'âme de la France, chrétienne vous l'avez dit, bien que, soyez rassuré, c'est le cadet des soucis d'une République maçonnique anti-catholique.
Les antillais, les immigrés d'origine européenne, les harkis, les réfugiés politiques des régimes communistes sont des français à part entière, généralement bien intégrés dans la société.
Ceux qui posent problème, ce sont les émeutiers des banlieues, les islamistes, qui haïssent les français, violent les lois etc.
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