21 avr. 2012

Hollande et Sarkozy, de droite, marchaient main dans la main

A la veille du énième désastre annoncé...





Hollande et Sarkozy,


de droite,

marchaient main dans la main







par 


Alexandre Gerbi 






Dimanche, il se pourrait bien que François Hollande soit chargé de représenter la gauche face à Nicolas Sarkozy (ou Marine Le Pen...) au second tour de l'élection présidentielle.

Mais François Hollande est-il de gauche ? On est en droit d'en douter.
 
Un seul exemple : dans le traité européen rejeté par les Français en 2005 et en faveur duquel François Hollande s'était prononcé comme le Parti socialiste - à l'exception, notamment, à l'époque, de Jean-Luc Mélenchon -, il était fait mention de beaucoup de choses incongrues, telles que l'indépendance de la Banque centrale européenne (BCE) ou l'alliance atlantique (OTAN) ; mais le traité n'imposait aucun SMIC européen... Comment peut-on être de gauche et appeler à voter pour un traité faisant fi du droit social le plus élémentaire - le salaire minimum - et, partant, marqué à ce point à droite ? Mieux encore, le même François Hollande, comme le Parti socialiste, s'est allié à Nicolas Sarkozy pour trahir la décision du peuple français, en faisant passer le traité de Lisbonne, copie du précédent, par le Congrès en 2008.

A l'évidence, François Hollande n'est pas de gauche, s'il n'est pas de droite. Il peut s'époumoner en répétant les mots "Egalité", "Justice" ou "Changement", il n'est pas de gauche, il n'est qu'un représentant du Système qui détruit la France depuis des décennies, notamment en mentant sur son Histoire - la pseudo décolonisation - et en soumettant la France à l'ultralibéralisme financier tout en l'inféodant à une Europe elle-même inféodée aux Etats-Unis. Avec cette nouveauté sous Nicolas Sarkozy, que la France a été transformée en valet empressé des Etats-Unis (pour se donner l'illusion d'avoir encore l'envergure de jouer un rôle planétaire ?), c'est-à-dire en devançant ses désirs. Qu'on se rassure : sur les chapitre libyen, ivoirien ou syrien, le Parti Socialiste est exactement sur la même longueur d'onde que l'UMP, tout comme François Hollande et Nicolas Sarkozy sont parfaitement d'accord sur l'essentiel. 
 
Au fond, de Sarkozy à Hollande, seule la rhétorique change, seul l'emballage varie, mais le logiciel est exactement le même. Le traité européen en est l'illustration. La façon dont UMP et PS l'ont fait passer témoigne de leur commun mépris pour la démocratie et le peuple, et de leur commune vision de l'Europe, soumise à la finance, aux dogmes ultralibéraux et aux USA.
 
Les deux candidats Hollande et Sarkozy, comme larrons en foire pour faire passer le traité européen pourtant rejeté trois ans plus tôt par le peuple français malgré la manipulation médiatique, ont aussi été d'excellents partenaires dans la campagne pour le premier tour de la présidentielle : se renvoyant la balle, posant perpétuellement l'autre comme son unique challenger sérieux, refusant l'un comme l'autre le débat avec les autres candidats et, partant, la confrontation des idées - avec pour résultat une campagne jugée nulle par tous les observateurs, à commencer par les électeurs -, Sarkozy et Hollande ayant longtemps accaparé la parole dans les médias, en parfaits complices, pour mieux écraser les autres candidats et assurer au Système une victoire certaine. Si au soir du premier tour, nous héritons d'un duel Sarkozy-Hollande, le Système sera assuré de cinq années de plus pour affaiblir encore et peut-être détruire la France. Force est de constater que le Système aura tout fait pour cela.

Faut-il, pour autant, désespérer ?

Le Front de Gauche et Jean-Luc Mélenchon, malgré des médias hostiles et manipulateurs, ont réussi à créer un mouvement puissant, sans doute le plus puissant de France. En effet, ni Sarkozy, ni Hollande, en dépit de leurs affirmations, n'ont réussi à déclencher les marées citoyennes qu'on a vues à la Bastille, à Toulouse, à Marseille... A Vincennes ou place de la Concorde, malgré des moyens immenses, les effectifs réunis par les candidats du PS et de l'UMP étaient deux, trois voire quatre fois moins importants que ceux réunis par le candidat du Front de Gauche. Même si, à Vincennes comme place de la Concorde, caméras et barrières étaient disposées de façon à donner une impression de foule maximale...
 
Le 22 avril, demain, les Français auront-ils la lucidité, défiant la gigantesque manipulation médiatique et politique, de voter massivement pour Jean-Luc Mélenchon, afin de s'offrir un vrai choix au second tour ? Ou bien seront-ils assez fous pour tomber dans le piège qui leur est tendu depuis des mois, en assurant dès le premier tour le Système de se maintenir encore cinq ans au pouvoir, par le truchement de François Hollande et Nicolas Sarkozy ?
 
Dans ce dernier cas, les Français n'auront plus à se plaindre ni à pleurnicher de ce qui leur arrive ainsi qu'à leur malheureux pays déjà tellement mal en point...

Alexandre Gerbi




3 avr. 2012

Le « vote utile » : Tombeau électoral du candidat François Hollande ?

Et si le « vote utile » se retournait comme un gant ?






Le « vote utile » :


Tombeau électoral

du candidat François Hollande ?





par


Alexandre Gerbi





A trois semaines du premier tour de l’élection présidentielle, bien que très haut encore dans les sondages (entre 26 et 28,5% des intentions de vote au premier tour), le candidat François Hollande est-il en réalité au bord du gouffre ?


De fait, il suffit de questionner les gens autour de soi pour s’apercevoir qu’au moins le quart, en réalité un bon tiers voire même, ces derniers temps, une petite moitié des électeurs qui s’apprêtent à voter au premier tour pour François Hollande, préfèrent en réalité Jean-Luc Mélenchon.

Ancrage résolu à gauche, incontestables talents de tribun, personnalité, charisme… Autant de qualité utiles à un président de la République et que possède le candidat du Front de Gauche. A l’inverse de son rival socialiste, et de toute évidence. Ce qui conduit beaucoup d’électeurs de gauche, ou d’électeurs tout court, à préférer le bouillant « Méluche » au très « normal » Hollande…

Un choix contre-nature

Or quand on questionne ces électeurs sur leur choix apparemment contre-nature (pourquoi voter pour Hollande alors qu’ils préfèrent Mélenchon ?), ces femmes et ces hommes invoquent toujours la même raison : le « vote utile ». Ils expliquent simplement que comme François Hollande est, d’après les sondages, le candidat de gauche le mieux placé pour accéder au second tour de l’élection, il convient de voter pour lui – quitte à sacrifier Mélenchon – pour éviter un nouveau « 21 avril ». Comprendre : éviter un face-à-face Sarkozy-Le Pen et, du même coup, une nouvelle éclipse de la gauche dans la phase finale de la présidentielle, élection majeure sous la Ve République…

Autrement dit, à bien écouter ces femmes et ces hommes, si d’aventure les sondages indiquaient que l’ancien sénateur socialiste de l’Essonne était le mieux placé des candidats de gauche pour accéder au second tour, alors le quart, un bon tiers voire la moitié des électeurs actuellement déclarés de François Hollande voteraient plutôt pour Jean-Luc Mélenchon. Car au-delà des électeurs mélenchonnistes soudain « libérés », il faudrait forcément compter avec les partisans sincères du candidat du PS qui, dans ce cas de figure, au nom du « vote utile », se résigneraient à voter pour le candidat du Front de Gauche – quitte à sacrifier, cette fois, Hollande…

Illustration arithmétique

Afin d’illustrer arithmétiquement ce raisonnement et mesurer l’ampleur du gouffre qui menace le candidat socialiste en cas de retournement du « vote utile », retenons l’hypothèse moyenne basse. A savoir : un tiers (ce qui semble un minimum…) des électeurs actuellement déclarés de François Hollande préfèrent son rival du Front de Gauche et pourraient par conséquent voter Jean-Luc Mélenchon si celui-ci était, selon les sondages, le mieux placé pour accéder au second tour…

Si donc un tiers des électeurs actuellement déclarés de François Hollande se rabattaient sur Jean-Luc Mélenchon au nom du « vote utile », le candidat socialiste verrait le tiers de ses voix actuelles (soit 27% en moyenne), c’est-à-dire 9% d’électeurs, lui faire soudain défaut : 27% moins 9% le ramènerait donc à 18%, c’est-à-dire à peu de chose près au score de Lionel Jospin en 2002…

En contrepartie, ces 9% d’électeurs perdus par Hollande s’ajouteraient naturellement au 13% actuellement prêtés, en moyenne, par les sondages à Jean-Luc Mélenchon. Le candidat du Front de Gauche totaliserait donc 13% plus 9% soit 22% des intentions de vote. C’est-à-dire 4% de plus que François Hollande (avec son score « jospinien » de 18%), et loin devant Marine Le Pen, créditée actuellement de 13,5% à 17% des voix dans les différentes enquêtes.

La courbe de Jean-Luc Mélenchon étant nettement ascensionnelle (il est passé de 5% en octobre 2011 à 8% en janvier 2012, puis à 14% actuellement, avec une nette accélération ces trois dernières semaines, pour une hausse totale de 9 points), tandis que celle de François Hollande s’est nettement érodée (passant de 35% en octobre 2011 à 30% en janvier, puis à 27% en moyenne actuellement, pour une chute totale de 8 points), faut-il s’attendre à ce que, si les courbes se rapprochaient davantage encore, on voie tout à coup un spectaculaire transfert de voix s’opérer, du candidat socialiste en direction de celui du Front de Gauche ? Faut-il s’attendre à ce que le « vote utile » ainsi retourné devienne en quelques jours, à la veille du second tour, le puissant « booster » de Jean-Luc Mélenchon, en même temps que le tombeau électoral, le gouffre où disparaîtra François Hollande ?

Avec, à la clef, un second tour d’anthologie, Mélenchon contre Sarkozy ? Avec toutes les surprises qu’un tel cas de figure permet d’espérer…

Paroles de pessimiste

« A condition, dira le Pessimiste, qu’en cas de nouvelle hausse sensible de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages et de chute dangereuse de François Hollande, les instituts de sondages ne soient pas trop tentés de « redresser » les chiffres au profit du candidat socialiste… Car on voit bien que le retournement comme un gant du « vote utile » est à l’entière merci des sondages et par conséquent des instituts de sondages, ce qui donne à ceux-ci un pouvoir exorbitant. A leur corps défendant d’ailleurs, puisque ce ballet se joue incontestablement à trois, entre les candidats, les instituts de sondages et, surtout, les électeurs. Or c’est parce qu’ils sont enferrés dans la perverse logique du « vote utile » lui-même arcbouté sur les sondages, que les électeurs mélenchonnistes sont si nombreux à se déclarer décidés à voter Hollande, sans voir le jeu de miroirs trompeur auquel ils participent et où ils s’abîment. Au demeurant, dans ces conditions de vertige, la tentation reste grande pour les instituts de sondages de tripatouiller la tambouille. Et connaissant l’humaine faiblesse… »

Face au Pessimiste, le salut consiste sans doute à parier sur la Raison et la Vertu, mères de Révolution…

Mais la France de l’an 2012 en a-t-elle encore ?



Alexandre Gerbi






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