3 avr. 2012

Le « vote utile » : Tombeau électoral du candidat François Hollande ?

Et si le « vote utile » se retournait comme un gant ?






Le « vote utile » :


Tombeau électoral

du candidat François Hollande ?





par


Alexandre Gerbi





A trois semaines du premier tour de l’élection présidentielle, bien que très haut encore dans les sondages (entre 26 et 28,5% des intentions de vote au premier tour), le candidat François Hollande est-il en réalité au bord du gouffre ?


De fait, il suffit de questionner les gens autour de soi pour s’apercevoir qu’au moins le quart, en réalité un bon tiers voire même, ces derniers temps, une petite moitié des électeurs qui s’apprêtent à voter au premier tour pour François Hollande, préfèrent en réalité Jean-Luc Mélenchon.

Ancrage résolu à gauche, incontestables talents de tribun, personnalité, charisme… Autant de qualité utiles à un président de la République et que possède le candidat du Front de Gauche. A l’inverse de son rival socialiste, et de toute évidence. Ce qui conduit beaucoup d’électeurs de gauche, ou d’électeurs tout court, à préférer le bouillant « Méluche » au très « normal » Hollande…

Un choix contre-nature

Or quand on questionne ces électeurs sur leur choix apparemment contre-nature (pourquoi voter pour Hollande alors qu’ils préfèrent Mélenchon ?), ces femmes et ces hommes invoquent toujours la même raison : le « vote utile ». Ils expliquent simplement que comme François Hollande est, d’après les sondages, le candidat de gauche le mieux placé pour accéder au second tour de l’élection, il convient de voter pour lui – quitte à sacrifier Mélenchon – pour éviter un nouveau « 21 avril ». Comprendre : éviter un face-à-face Sarkozy-Le Pen et, du même coup, une nouvelle éclipse de la gauche dans la phase finale de la présidentielle, élection majeure sous la Ve République…

Autrement dit, à bien écouter ces femmes et ces hommes, si d’aventure les sondages indiquaient que l’ancien sénateur socialiste de l’Essonne était le mieux placé des candidats de gauche pour accéder au second tour, alors le quart, un bon tiers voire la moitié des électeurs actuellement déclarés de François Hollande voteraient plutôt pour Jean-Luc Mélenchon. Car au-delà des électeurs mélenchonnistes soudain « libérés », il faudrait forcément compter avec les partisans sincères du candidat du PS qui, dans ce cas de figure, au nom du « vote utile », se résigneraient à voter pour le candidat du Front de Gauche – quitte à sacrifier, cette fois, Hollande…

Illustration arithmétique

Afin d’illustrer arithmétiquement ce raisonnement et mesurer l’ampleur du gouffre qui menace le candidat socialiste en cas de retournement du « vote utile », retenons l’hypothèse moyenne basse. A savoir : un tiers (ce qui semble un minimum…) des électeurs actuellement déclarés de François Hollande préfèrent son rival du Front de Gauche et pourraient par conséquent voter Jean-Luc Mélenchon si celui-ci était, selon les sondages, le mieux placé pour accéder au second tour…

Si donc un tiers des électeurs actuellement déclarés de François Hollande se rabattaient sur Jean-Luc Mélenchon au nom du « vote utile », le candidat socialiste verrait le tiers de ses voix actuelles (soit 27% en moyenne), c’est-à-dire 9% d’électeurs, lui faire soudain défaut : 27% moins 9% le ramènerait donc à 18%, c’est-à-dire à peu de chose près au score de Lionel Jospin en 2002…

En contrepartie, ces 9% d’électeurs perdus par Hollande s’ajouteraient naturellement au 13% actuellement prêtés, en moyenne, par les sondages à Jean-Luc Mélenchon. Le candidat du Front de Gauche totaliserait donc 13% plus 9% soit 22% des intentions de vote. C’est-à-dire 4% de plus que François Hollande (avec son score « jospinien » de 18%), et loin devant Marine Le Pen, créditée actuellement de 13,5% à 17% des voix dans les différentes enquêtes.

La courbe de Jean-Luc Mélenchon étant nettement ascensionnelle (il est passé de 5% en octobre 2011 à 8% en janvier 2012, puis à 14% actuellement, avec une nette accélération ces trois dernières semaines, pour une hausse totale de 9 points), tandis que celle de François Hollande s’est nettement érodée (passant de 35% en octobre 2011 à 30% en janvier, puis à 27% en moyenne actuellement, pour une chute totale de 8 points), faut-il s’attendre à ce que, si les courbes se rapprochaient davantage encore, on voie tout à coup un spectaculaire transfert de voix s’opérer, du candidat socialiste en direction de celui du Front de Gauche ? Faut-il s’attendre à ce que le « vote utile » ainsi retourné devienne en quelques jours, à la veille du second tour, le puissant « booster » de Jean-Luc Mélenchon, en même temps que le tombeau électoral, le gouffre où disparaîtra François Hollande ?

Avec, à la clef, un second tour d’anthologie, Mélenchon contre Sarkozy ? Avec toutes les surprises qu’un tel cas de figure permet d’espérer…

Paroles de pessimiste

« A condition, dira le Pessimiste, qu’en cas de nouvelle hausse sensible de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages et de chute dangereuse de François Hollande, les instituts de sondages ne soient pas trop tentés de « redresser » les chiffres au profit du candidat socialiste… Car on voit bien que le retournement comme un gant du « vote utile » est à l’entière merci des sondages et par conséquent des instituts de sondages, ce qui donne à ceux-ci un pouvoir exorbitant. A leur corps défendant d’ailleurs, puisque ce ballet se joue incontestablement à trois, entre les candidats, les instituts de sondages et, surtout, les électeurs. Or c’est parce qu’ils sont enferrés dans la perverse logique du « vote utile » lui-même arcbouté sur les sondages, que les électeurs mélenchonnistes sont si nombreux à se déclarer décidés à voter Hollande, sans voir le jeu de miroirs trompeur auquel ils participent et où ils s’abîment. Au demeurant, dans ces conditions de vertige, la tentation reste grande pour les instituts de sondages de tripatouiller la tambouille. Et connaissant l’humaine faiblesse… »

Face au Pessimiste, le salut consiste sans doute à parier sur la Raison et la Vertu, mères de Révolution…

Mais la France de l’an 2012 en a-t-elle encore ?



Alexandre Gerbi






Libellés : , , , , , , , ,

2 Comments:

At 4/4/12 11:31, Anonymous Anonyme said...

Bonjour,
Pourriez-vous me communiquer une adresse mail ? Je voudrais vous inviter à participer à un débat organisé par Newsring.fr sur le vote de valeur.


Merci !

 
At 5/4/12 18:09, Blogger Blog d'Alex Gerbi said...

Bonjour Raphaelle,

Il est très facile de m'écrire sur Facebook, où j'ai un compte à mon nom, illustré d'une photo identique à celle de ce blog.

A bientôt,

Bien cordialement,
Alexandre Gerbi

 

Enregistrer un commentaire

<< Home