31 janv. 2012

Cinquantenaire de l'indépendance algérienne : Que sera 2012 ?




A tous les lecteurs et visiteurs du blog Fusionnisme, j'adresse mes meilleurs vœux pour l’année 2012. Que cette nouvelle année vous apporte la bonne santé, du bonheur et bien des joies, dans un monde qui cesse enfin d’être aveugle et fou, ou le soit un peu moins le 31 décembre prochain, c’est-à-dire dans onze mois déjà…

Alexandre Gerbi






Cinquantenaire

de l’indépendance algérienne :

Que sera 2012 ?



par


Alexandre Gerbi





Année du Cinquantenaire de l’indépendance algérienne, devra-t-on subir en 2012 la manipulation et de déferlement de contrevérités habituelles ?

Ou bien nous racontera-t-on, enfin, l’histoire de ce morceau du peuple franco-africain, dont certains fils se soulevèrent contre le mépris colonialiste, mépris d’Etat qui les reléguait au rang de sous-citoyens, de sous-Français, et partant de sous-hommes ? Nous racontera-t-on enfin le drame et l’exacte nature de leur soulèvement, où beaucoup laissèrent leur jeunesse ou la vie ? Si tous combattaient le mépris et l’injustice colonialiste, combien parmi ces révoltés qui avaient choisi l’indépendance comme seule issue aux mensonges, aux promesses non tenues, aux vains sacrifices sur l’autel d’une Mère-Patrie incapable de les regarder enfin comme ses enfants, combien aimaient, admiraient pourtant la France qu’ils combattaient ? A vrai dire, combien combattaient la France, combien combattaient son peuple, combien combattaient son gouvernement ? Combien de ces martyrs de l’indépendance auraient préféré la fraternité proclamée, l’unité franco-algérienne dans l’unité franco-africaine, dans une grande République intercontinentale, sociale, égalitaire par delà les races et les religions ? En face de cette révolte, de ces aspirations légitimes, les uns après les autres, les gouvernements de la IVe République ont opposé le visage fermé de la guerre. La violence, la destruction préférées à l’égalité et à la fraternité. Là gît toute la tragédie de la IVe République, de la France, de l’Algérie, de l’Afrique, de l’Indochine, et delà, avec un demi-siècle de recul, peut-être du monde…

Alors il y eut mai 1958. La révolution oubliée. Sans doute ce qui eût dû être un événement comparable, par son importance historique et par ses enjeux, à la Révolution française. Mais la fresque grandiose abritait un scénario de comédie sanglante. Le héraut de la Révolution en était l’ennemi. L’ennemi le plus acharné. Déguisé en son inverse. Ci-devant trône Charles de Gaulle, monstre infâme, machiavélique et, au bout de la route, sorte de petit Hitler français, créature infecte autant qu’est immense la gloire dont l’exalte le régime fondé sur ses mensonges et sur ses crimes : la Ve République, à présent agonisante, mais sous laquelle nous vivons encore… et à laquelle revient l’effarante charge de célébrer l’anniversaire des « indépendances » africaines, en l’occurrence la pire sans doute : celle de l’Algérie…

En 2010, nous avons vu la puissante hypocrisie dont le Système est encore capable. Alors que l’ambassadeur du Congo-Brazzaville à Paris, Henri Lopès, acheva l’année en divulguant l’effarante vérité, toute l’année fut consacrée à noyer le poisson. Ce que son excellence Henri Lopès a dit (de manière presque plus radicale…), c’est ce que j’ai montré dans Histoire occultée de la décolonisation franco-africaine, Imposture, refoulements et névroses, publié chez L’Harmattan en 2006, ainsi que dans les articles publiés depuis lors sur le blog Fusionnisme et ailleurs (Bakchich, Camer.be, Rue89, IciCemac, Afrik.com, Mediapart, etc.). Pourtant, le Système, aussi bien son chef, Nicolas Sarkozy, que ses serviteurs, Jacques Toubon par exemple, et les intellectuels, et les médias ont menti pendant l’année entière. Le cinquantenaire des indépendances africaines fut, comme il fallait s’y attendre, une vaste manipulation. De colloque en colloque, d’émissions en émissions, l’alibi du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » a battu son plein…

Au seuil de l’année 2012, ce constat s’impose : la réalité du largage de l’Afrique subsaharienne mais aussi de l’Algérie, parfaitement connue en haut lieu, continue d’être officiellement tue. Mieux encore, la version essentiellement fallacieuse, qui prévaut depuis un demi-siècle, continue d’être la ligne de l’Etat français et de ses ramifications.

Au demeurant, le procès de Charles de Gaulle ne pourra être éternellement différé. Non en tant qu’homme, car il est mort maintenant, mais en tant qu’ancien chef de l’Etat. Un procès symbolique, bien sûr, mais dont il ressortira nécessairement que cet homme, par le nombre de crimes et des morts qu’il a sciemment provoquées (des centaines de milliers, voire des millions, si, au-delà de la tragédie algérienne, l’on impute à Charles de Gaulle la responsabilité des désastres du néocolonialisme sous son règne, si ce n’est au delà…) ne peut plus occuper la place qu’il occupe actuellement dans notre Panthéon national. Si l’Homme du 18 juin mérite cette place, le menteur cynique et bientôt criminel de mai-juin 1958 et de ses suites doit être déboulonné d’urgence. Pour l’honneur de la République et de la France.

Ainsi la vérité doit être enfin dite : c’est la condition sine qua non de toute réconciliation franco-algérienne. Mais tout autant, c’est la condition sine qua non de toute réconciliation franco-française, c’est-à-dire de la France avec elle-même, dans toutes les composantes de son peuple, mais aussi avec l’Afrique, avec tous ses enfants bientôt mêlés dans la grande République franco-africaine, ou afro-française, et plus vastement afro-européenne, ou euro-africaine, telle que l’avaient rêvée Senghor et Lévi-Strauss éplorés, comme tant d’autres, il y a cinquante ans...



Alexandre Gerbi






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1 Comments:

At 31/1/12 22:18, Blogger Sophie de Clauzade said...

Après la lecture de ce nouvel article s'en prenant à juste titre au piédestal du général de Gaulle, à la politique des indépendances pourtant désastreuse, on pourrait dire encore de ce dernier qu'après avoir pris sa part à la victoire, il a continué ensuite à traiter la question des indépendances en pur stratège, par une décision solitaire et par-delà l'opinion des populations..., sans parler d'autres motivations de type raciste.

 

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