30 oct. 2019

Mayotte et les Comores : Quand CNews, sous la houlette de Marc Menant et d’Eric Zemmour, occulte l’Histoire





Mayotte et les Comores : 

Quand CNews, sous la houlette 

 de Marc Menant et d’Eric Zemmour,

occulte l’Histoire


par 

Alexandre Gerbi




Fait probablement unique dans le monde, le peuple français est tenu dans l'ignorance de la dernière révolution de son histoire, qui fut assassinée par celui qui prétendit la conduire : la Révolution de 1958. Mais la Ve République occulte aussi une autre révolution, certes plus modeste, mais qui a pourtant son importance : la Révolution anjouanaise de 1997, elle aussi assassinée. Ces deux assassinats sont évidemment liés l'un à l'autre. Ces occultations aussi. La chaîne d'information CNews y a récemment pris sa part. Retour sur une manipulation majeure dont les auteurs du jour, Marc Menant et Eric Zemmour, sont responsables mais, selon toute vraisemblance, pas coupables. 



"Un homme d'Etat ne devrait jamais mentir au peuple". Cette formule admirable, tirée de son ouvrage Le Fil de l'épée (1932), Charles de Gaulle l'a copieusement foulée aux pieds tout au long de sa carrière politique. Le sommet de l'art gaullien du mensonge fut sans doute atteint entre 1958 et 1962, lorsqu'il accomplit la volte-face qui le conduisit à faire l'exact contraire de ce par quoi il avait justifié son coup d'Etat militaire, de ce pour quoi il avait renversé la IVe République, créé la Ve et finalement pris le pouvoir avec l'approbation massive du peuple, au nord comme au sud de la Méditerranée (référendum du 28 septembre 1958). Dans ses serments solennels prononcés en terre algérienne (juin 1958), De Gaulle avait posé l'unité franco-africaine comme l'indispensable condition du maintien de la puissance et de la grandeur françaises. Faisant fi de ce programme à la fois extraordinaire et visionnaire, une fois élu, l'ermite de Colombey accomplit un retournement à 180 degrés et largua, en à peine quatre ans, la quasi-totalité des territoires d'Afrique subsaharienne et les départements d'Algérie, et surtout leurs populations. Pour le plus grand malheur des Subsahariens et des Algériens, et, à plus long terme, des Français en général. Et pour le plus grand plaisir de ses soutiens de Washington, en particulier Allen Dulles, chef de la CIA, et son frère John Foster Dulles, secrétaire d'Etat - ce qui permettrait d'envisager de classer les menées gaulliennes entre 1958 et 1962 dans les catégories "haute trahison" et "intelligence avec l'ennemi", si la France redevenait un jour maîtresse de son destin et qu'un procès historique et posthume s'ouvrait enfin. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres...

En attendant, le mensonge est devenu, suivant l'exemple du Général, la marque de fabrique du régime...


Le mensonge, spécialité des médias de la Ve République

La superstructure médiatique de la Ve République, presse écrite et médias audiovisuels, se conforme docilement, et de longue date, à cette conception très particulière de la vérité, qui consiste à travestir la réalité et à mentir en permanence au peuple.

Dernier avatar de cette pratique invétérée du mensonge, le 22 octobre 2019, dans l'émission Face à l'info sur CNews, chaîne d'information qui défraie la chronique depuis le retour en grâce d'Eric Zemmour, évincé en 2014 de cette même chaîne qui se nommait à l'époque Itélé.

A la faveur d'une visite d'Emmanuel Macron, président de la République, à Mayotte, le journaliste Marc Menant a livré un petit panorama très incomplet, et de ce fait mensonger par omission, de l'histoire mahoraise. Ce petit panorama défaillant fut assorti des réflexions d'Eric Zemmour, elles aussi frappées au coin de la contrevérité, ou du contresens, historique.

Précisons d'emblée que rien ne permet d'affirmer que Marc Menant a menti volontairement. Au contraire, tout semble indiquer que ce sympathique journaliste et écrivain n'a de Mayotte et des Comores qu'une connaissance superficielle, ce qui rendait particulièrement casse-gueule l'exercice de "recul historique" (selon l'expression de la journaliste animatrice Christine Kelly) dont CNews l'avait chargé. Et, toujours à la décharge de Marc Menant, les sources les plus facilement disponibles sur la question étant biaisées voire mensongères, il ne lui était pas facile d'éviter de tomber dans le panneau. De la même manière, Eric Zemmour, en dépit de ses qualités de bretteur et de sa solide culture historique, n'est pas un être omniscient. Lui aussi a ses lacunes qui le conduisent, malgré lui, à participer à la falsification générale. L'auteur de Destin français, que nous avons contacté, nous a confirmé qu'il ignorait jusque-là l'existence de la Révolution anjouanaise dont on va parler ici...

Lorsqu'il est question de Mayotte, seule île encore française de l'archipel des Comores (Océan Indien), départementalisée par Nicolas Sarkozy en 2011, la presse française possède une mémoire criblée de trous. Une amnésie bien pratique qui permet de procéder à une présentation conforme au bréviaire idéologique de la Ve République, mais empêche de comprendre une situation devenue, depuis bien des années, éminemment problématique. Cette lecture bidonnée, dans ce domaine comme dans tellement d'autres, compromet toute chance d'apporter des solutions efficaces et de sortir du guêpier dans lequel, ici comme ailleurs, la Ve République a fourré la France.


De l'indépendance regrettée (1981) à la Révolution anjouanaise (1997) 

Voilà ce qu'il convient, en bref, de savoir sur Mayotte et les Comores, et que la presse française occulte systématiquement. Pour plus de détails, le lecteur curieux trouvera, sur le blog Fusionnisme, le chapitre consacré à La Révolution anjouanaise dans mon ouvrage Histoire occultée de la décolonisation franco-africaine, Imposture, refoulements et névroses (L'Harmattan, 2006).

Trois des quatre îles qui composent les Comores obtinrent leur indépendance de la France en 1975 : Grande Comore, l'île principale, ainsi qu'Anjouan et Mohéli. Seule Mayotte, où le NON à l'indépendance l'emporta avec 63% des voix, resta française.

L'indépendance aux Comores, comme en Afrique subsaharienne et en Algérie une quinzaine d'années plus tôt, avait été présentée aux habitants comme la promesse de lendemains qui chantent. Un attrape-nigaud qui permit de convaincre une grande partie du peuple naïf de voter pour l'indépendance (une autodétermination dont les autres Subsahariens avaient été dépossédés en 1960, selon la volonté de Charles de Gaulle et de Michel Debré, par le truchement de l'effarante loi 60-525).

La réalité étant bien différente des contes de fées, l'indépendance tourna rapidement au fiasco aux Comores comme ailleurs, et fit rapidement de nombreux déçus. Or si en vertu d'une conception étrangement à sens unique de l'histoire, un nouveau référendum sur l'indépendance avait été prévu à Mayotte pour 1976, rien de tel n'avait été envisagé pour les autres îles des Comores. Notons au passage que ce même principe s'applique actuellement en Nouvelle-Calédonie, puisque le OUI à l'indépendance mettrait un terme aux consultations, alors qu'un NON ouvre la porte à d'autres référendums. Bizarre conception asymétrique de la démocratie, qui ne choque ni ne dérange manifestement grand monde dans la presse de la patrie des Droits de l'homme. Fin de parenthèse.

Au nouveau référendum organisé à Mayotte en 1976, le NON à l'indépendance l'emporta cette fois de manière écrasante, avec 99% des voix.

En revanche, aux Comores, aucune consultation n'étant prévue, le mécontentement ne trouva aucune voie d'expression référendaire et enfla donc jusqu'à tourner à l'exaspération. Pour aussi étonnant que cela puisse paraître, dans deux des trois îles, à Anjouan et Mohéli, ce mécontentement prit la forme d'une revendication de retour dans la France. Mais l'Etat français giscardien jugea préférable de faire la sourde oreille...

L'élection de François Mitterrand en 1981 parut changer la donne. Celui-ci avait en effet promis le "changement", et son passé de grand connaisseur et de grand défenseur de l'outre-mer franco-africain dans les années 1950, et de grand opposant à De Gaulle, permettait d'espérer un "changement" radical dans le rapport que la France entretenait avec son ancien empire. Aussi 380 notables anjouanais s'empressèrent d'écrire au président nouvellement élu pour lui demander le rattachement de leur île, Anjouan, à la France. Mais Mitterrand, finalement plus gaullien que prévu, fit lui aussi la sourde oreille...

Les années passèrent. La situation d'Anjouan, toujours délaissée par Grande Comore, ne s'améliora pas. La petite île continua de regarder, en vain, la France avec les yeux de Chimène. En 1987, des étudiants anjouanais révoltés se soulevèrent et, au terme d'une manifestation, hissèrent le drapeau français à la place du drapeau comorien devant la préfecture de Moutsamoudou. L'Elysée, Matignon et le Quai d'Orsay adoptèrent l'attitude des trois petits singes : pas vu, pas entendu, pas parler. La situation continua donc de dégénérer...

Dix ans plus tard, en 1997, lassés par l'autisme de l'ancienne métropole, les Anjouanais, bientôt suivis par les Mohéliens, décidèrent de prendre le taureau par les cornes : ils entrèrent en révolution, hissèrent partout le drapeau tricolore, brandirent des portraits du président Chirac, entonnèrent la Marseillaise et proclamèrent le rattachement de leur île à la France.

La réponse, fomentée par l'Etat comorien en accord avec Paris, fut de leur envoyer des soldats pour écraser la sécession. Mais rapidement défaites, les forces comoriennes ne purent ramener les révolutionnaires dans le rang. Au demeurant, sans surprise, l'Etat français se garda bien, quant à lui, d'accéder à la demande de rattachement à la France d'Anjouan et de Mohéli, les médias hexagonaux expliquant doctement que les Anjouanais et les Mohéliens n'aspiraient qu'à toucher des aides sociales. Autrement dit, les lendemains qui chantent étaient légitimes et glorieux lorsqu'ils s'agissait de faire sécession de la France, mais devenaient soudain vils et méprisables lorsqu'il s'agissait de vouloir retrouver cette même France... En guise d'épilogue et de solution, avec la bénédiction du gouvernement français, la République des Comores, quoique minuscule, devint finalement fédérale, et ses trois îles autonomes.

Notons que tout au long de cette période, de 1975 à nos jours, ces événements pourtant édifiants n'ont nullement empêché l'Etat comorien de revendiquer constamment l'annexion de Mayotte, quoique celle-ci y soit totalement opposée...

Résumons-nous. Depuis près de 40 ans, Anjouan et Mohéli demandent leur retour dans la France, et sous prétexte du référendum de 1974 pourtant rapidement désavoué par les principaux intéressés, ce retour leur est refusé. Alors les Anjouanais et les Mohéliens votent, comme on dit, avec les pieds, ou plutôt avec les kouassa-kouassa, frêles esquifs leur permettant de quitter leur île, qu'on leur refuse de redevenir française, pour aller rejoindre Mayotte, qui elle l'est restée. Entre immigration massive et naissances anjouanaises innombrables à la maternité de Mamoudzou (la première de France...), Mayotte explose, puisque sa population a quintuplé en quarante ans (passant de 45 000 en 1975 à plus de 250 000 en 2019, selon les chiffres officiels). Et le problème ne cesse de s'amplifier...


 De la "folie giscardienne" à la "folie mitterrandienne

Sur CNews, la revendication anjouanaise de retour dans la France, maintes fois répétée depuis 1981, bien qu'essentielle pour comprendre la crise mahoraise, Marc Menant l'a passée sous silence. Probablement plus par ignorance que par malice, si l'on en juge par la passion républicaine dont il a par ailleurs fait preuve dans son exposé, en exaltant à juste titre l'attachement et même l'amour des habitants de Mayotte, les Mahorais, pour la France.

Quant à Eric Zemmour, après une présentation aussi partielle et finalement faussée des "événements", il a pu en conclure que Mayotte faisant partie de l'archipel des Comores, elle aurait dû accéder à l'indépendance en même temps que les trois autres îles, en 1975... ce qui aurait tout résolu ! Et d'ajouter : "Un habitant de Mayotte sur deux est comorien. Les Comores sont en train de récupérer l'île par la bataille démographique". Fulgurante vision... A condition, bien sûr, de faire abstraction de l'histoire telle qu'elle s'est déroulée depuis 1975...

Reprochant à ses détracteurs, d'ailleurs souvent à raison, leur déni de réalité, Eric Zemmour aime à citer Balzac : "Les événements sont de l'ironie en action."

En l'occurrence, l'ironie des événements est particulièrement mordante, puisqu'elle dynamite en profondeur le récit officiel de l'histoire de la décolonisation franco-africaine. Les événements démontrent en effet que l'histoire n'est pas nécessairement à sens unique, et que certaines populations ou certains pays devenus indépendants peuvent aspirer collectivement à redevenir français. Comme on l'a dit plus haut, Eric Zemmour nous a confirmé qu'il ignorait tout de ces événements. La chose pourra étonner, venant d'un grand journaliste habituellement très bien renseigné, et qui n'était pas un perdreau de l'année lorsque les événements anjouanais défrayèrent la chronique en juillet 1997. Si nous étions taquin, nous en conclurions que la mémoire d'Éric Zemmour pèche par bienveillance, puisque à l'insu de son possesseur, elle efface automatiquement les éléments qui seraient susceptibles de bousculer le bel ordonnancement de sa pensée. Mais comme il faut rester sérieux, cette étonnante lacune du célèbre éditorialiste du Figaro en dit long sur l'efficacité de l'omerta qui règne en France, puisque tout bien renseigné qu'il soit, Eric Zemmour est lui-même passé à côté d'un événement qui, à l'époque, avait pourtant été mentionné au JT de TF1. Avant, il est vrai, de cesser subitement d'être couvert par la chaîne les jours suivants...

Autre curiosité, alors qu'Eric Zemmour aime habituellement à se réclamer de la voix du peuple, le voilà soudain qui semble trouver à la démocratie de singulières limites : "Mayotte appartient aux Comores, et c'est une folie de Giscard d'Estaing d'avoir voulu écouter la population et d'avoir séparé les îles. (...) C'est une folie giscardienne !"

Or en l'espèce, comme on l'a vu, si les populations avaient été écoutées, Anjouan et Mohéli seraient probablement redevenues françaises dès 1981. Et par conséquent, Mayotte ne serait pas devenue la destination de l'exode massif des Anjouanais et autres Mohéliens en manque de France. Aujourd'hui, sans doute ces deux îles jouiraient d'un niveau de vie bien supérieur à celui dont elles pâtissent et qui pousse tant de leurs habitants à les fuir au péril de leur vie...

En définitive, plus que d'une "folie giscardienne", la situation de Mayotte est plutôt le fruit d'une "folie mitterrandienne", sans rien dire de ses successeurs, notamment le gaulliste Chirac et le socialiste Jospin, qui cohabitaient au pouvoir au moment de la Révolution anjouanaise de 1997... 

Mais il est vrai que les Anjouanais et les Mohéliens sont des musulmans et des Africains. C'est-à-dire, selon les critères fondateurs de la Ve République gaullienne qu'approuve sans réserve Eric Zemmour, des gens qui n'ont pas vocation à devenir, voire à être, autrement qu'en très petit nombre, des Français. La "petite minorité" acceptable dont parlait, en coulisse, Charles de Gaulle pour justifier son largage des territoires d'Afrique et des départements d'Algérie...


Conclusion à l'adresse des aveugles, des sourds et des muets

En guise de conclusion, plusieurs observations s'imposent.

D'abord sur Eric Zemmour. Bien que se réclamant d'un patriotisme absolu et d'une passion ardente pour la France, l'auteur du Suicide français en arrive à défendre des positions qui sont celles des pires ennemis de la France. De ces ennemis (ou de ces faux amis...) qui souhaitent que la France achève de rétrécir le plus possible, en abandonnant ses derniers territoires d'outre-mer. De la sorte, cessant définitivement d'être une puissance qui compte (rappelons que l'outre-mer permet à notre pays de disposer du domaine maritime le plus vaste du monde, devant les Etats-Unis...) après avoir renoncé entre 1960 et 1962 à être une superpuissance, la France et son peuple cesseront d'être un phare social pour le monde et un rempart dressé devant tous les prédateurs affamés.

Ensuite sur Marc Menant. Ce journaliste et écrivain est manifestement l'archétype de ces Français encore largement majoritaires dans le Pays, citoyens profondément républicains et démocrates, humanistes sincères, pétris d'une grande idée de la France, sublime notamment parce qu'elle rayonne par delà les races et les religions, mais qui, dupes des mensonges de la Ve République, se font, à leur insu, les chantres involontaires de balivernes délétères élaborées par les ennemis de cette même France.

Puis sur les Français d'origine comorienne. Tout comme les Français d'origine algérienne sont, hormis les fils et filles de Harkis, le plus souvent de vibrants défenseurs de l'indépendance de l'Algérie en 1962 (résultat d'un remarquable lavage de cerveau doublé d'une mémoire refabriquée par la terreur que le FLN orchestra, avec la complicité et sous l'oeil cynique de De Gaulle, comme je l'ai expliqué ailleurs), les Comoriens de France militent, pour beaucoup d'entre eux, pour le retour de Mayotte dans les Comores. Alors même que les Mahorais ne veulent pas en entendre parler, et que les Anjouanais et les Mohéliens prouvent chaque jour qu'ils rêvent de France et sont prêts à risquer leur vie pour la rejoindre. A chacun de méditer sur l'ironie et surtout sur la cause de ces étranges états de fait. En particulier sur le phénomène qui veut que des gens qui ont choisi de quitter leur pays pour venir s'établir en France et jouir de sa citoyenneté, plaident sans cesse pour que leurs anciens compatriotes ne bénéficient pas, chez eux, du même avantage...

Enfin, sur le déni de démocratie et son pendant propagandiste. Un déni et une propagande qui cachent qu'Anjouan et Mohéli, îles qui furent liées à la France pendant près d'un siècle, regrettèrent presque immédiatement l'indépendance. S'apercevant de leur erreur, ces îles revendiquèrent à cor et à cris leur retour dans la République. Mais elles se virent et se voient toujours refuser le droit de disposer d'elles-mêmes et, le cas échéant, de retrouver la France. Quitte à ce que ce refus induise des situations intenables et même explosives pour une île restée française, Mayotte, et entraîne une situation économique et sociale désastreuse pour Anjouan et Mohéli, maintenues au ban de la France.

Mais ne soyons pas dupes à notre tour : il est vrai qu'accéder à la demande des Anjouanais et des Mohéliens de revenir dans la République française, aurait créé un fâcheux précédent. Un tel retour aurait risqué de donner des idées aux Africains du continent, aux Africains de l'ancienne Communauté Franco-Africaine, à tous ces Africains éperdument amoureux de la France, dont de Gaulle avait eu tant de mal, de son aveu même, à se débarrasser. Cela, nos funestes dirigeants, gaullistes comme socialistes, l'avaient parfaitement et sinistrement compris...


Conclusion de la conclusion, à l'adresse des mêmes, ou la contre-révolution cachée 

Il serait bon de réfléchir sur ces gigantesques mensonges aux effets pervers en cascade. L'ignorance des événements dans laquelle le peuple français est tenu par la classe politique et ses serviteurs médiatiques (dont certains sont, répétons-le, des dupes, à droite comme à gauche), renvoie à un autre mensonge, plus gigantesque encore.

Fait probablement unique dans le monde, les Français sont tenus dans l'ignorance de la dernière grande révolution de leur histoire, la révolution de 1958. Une révolution assassinée par celui qui avait prétendu la conduire, Charles de Gaulle. La contre-révolution qui fut bâtie sur cette révolution assassinée, la contre-révolution antidémocratique et antisociale en quoi consista la pseudo-décolonisation, fut particulièrement dramatique pour les anciens territoires d'Afrique. La propagande qui l'accompagna, foncièrement antirépublicaine et antifrançaise, fut grande génératrice de malheur, d'idées fausses, de rancoeurs et de haines, mais aussi de profond affaiblissement idéologique laissant le champ libre à tous les obscurantismes. Cette contre-révolution cachée aux yeux du peuple, mais qui est le fondement organique de la Ve République, est à l'origine de la catastrophe actuelle qui menace d'emporter le Pays tout entier.

Sous cet angle, Mayotte n'est qu'un minuscule aspect de la tragédie franco-africaine : Eric Zemmour a raison sur ce point, mais pas pour les bonnes raisons, puisqu'il réduit Mayotte à un laboratoire de l'immigration de masse, alors que cet aspect est au fond un épiphénomène d'un drame beaucoup plus grand et plus ancien. A savoir le démantèlement de la France comme superpuissance, le reniement idéologique de ses plus hautes traditions universalistes et humanistes, et finalement le retournement contre elle de ses enfants d'Afrique qui, jadis éperdument amoureux d'elle, étaient les meilleurs garants de son avenir triomphant et de son rayonnement planétaire.

Or nombre de ces enfants sont aujourd'hui devenus, à force de manipulations et de mensonges, ses pires ennemis et ses fossoyeurs rêvant pour certains de sa mort. La haine antifrançaise et sécessionniste qui prolifère dans les banlieues, dont les populations sont issues en grande partie de l'ancien empire colonial, est un autre aspect encore de la tragédie et de la trahison dont est coupable la Ve République gaullienne, aspect majeur s'il en est.

Tout ce que ne voit pas Eric Zemmour, pas plus que le reste du Système.


Epilogue 

De toute évidence, c'est à l'insu de leur plein gré que CNews, Marc Menant et Eric Zemmour, le 22 octobre 2019, ont menti par omission. Par conséquent, il ne fait aucun doute qu'ils auront à coeur, dès que possible, de corriger leur erreur en direct sur le plateau de Face à l'Info, afin que la Révolution anjouanaise et ses velléités rattachistes soient portée à la connaissance de leurs téléspectateurs. Afin de doter le public, pour reprendre la belle expression de Christine Kelly, du "recul historique" indispensable pour comprendre la crise de Mayotte et en débattre sereinement. Avec toutes les cartes en main.

Alexandre Gerbi