18 mai 2011

Affaire Strauss-Kahn : Une étape de plus dans l’américanisation de la France ?

Dominique, nique, nique...





Affaire Strauss-Kahn


Une étape de plus

dans l’américanisation de la France ?





par


Alexandre Gerbi





Comme certains l’ont justement relevé, descendre dans une suite new-yorkaise à 525 dollars la nuit pour trousser une soubrette payée au lance-pierre, voilà qui n’est guère socialiste, et encore moins humaniste de la part du richissime patron du FMI… Au demeurant, pareilles dérives autorisent-elles tant de petits marquis (et de petites marquises) médiatiques à fouler au pied la présomption d’innocence et à pratiquer, avant procès et même avant enquête et débat contradictoire, l’amalgame entre drague plus ou moins lourde, rentre-dedans affamé, libertinage débridé, et crime pur et simple ?



Il fallait anglo-saxonniser la France jusqu’au trognon, c’est le cas de le dire. L’affaire Strauss-Kahn en offre l’occasion, sur le terrain des mœurs.

Est-on en train, comme le disent ses amis, de confondre le roi des lourdingues et des gros vicieux puérils (ce qui finalement n’est pas si grave en France et prête plutôt à rire) avec un violeur abject et ultra-violent (ce qui en France ou ailleurs inspire le dégoût et appelle un implacable châtiment) ?

Aux Etats-Unis, il est de notoriété publique que les procès dans ce genre sont monnaie courante et trébuchante. Le président du FMI, notoirement bourré de fric et obsédé sexuel, est évidemment, dans ce cadre, une cible idéale. Il ne s’agit pas de mépriser la douleur de la malheureuse qui a fait l’objet d’un viol ou d’une tentative de viol. Il ne s’agit pas non plus de s’abstenir d’observer la croustillance d’un scénario où une huile blindée de thune de la Ve République blanciste, cherche à fourrer dans une suite présidentielle une petite immigrée africaine issue de l’ancien domaine subsaharien de la France, opportunément largué il y a cinquante par Saint Charles de Gaulle, et néocolonisé depuis… Mais de là à prendre pour argent comptant ce qui pourrait fort bien être, selon une arnaque connue, un coup monté à des fins lucratives, il y a une marge…

Or au lieu de prendre toute cette affaire avec des pincettes, on ne compte plus ceux qui tirent sur l’ambulance Strauss-Kahn. Si par un incroyable coup de théâtre, DSK devait être innocenté, si le bourreau devait apparaître soudain comme la victime d’une machination, il serait probablement (et dialectiquement) en bonne position pour remporter la présidence de la République en 2012…

Nous n’en sommes pas là, d’autant que le déchaînement auquel on assiste semble accréditer, et même démontrer (!), la culpabilité de l’intéressé, et rendre bien improbable, dès lors, sa libération vendredi… Pour l’heure, en effet, d’innombrables donneurs de leçons ont répandu la vie privée de Strauss-Kahn sur la voie publique et ont déblatéré sur lui, en parfaite bonne conscience, alors qu’il risque la bagatelle (sans mauvais jeu de mot…) de 70 ans de prison et demeure, selon la loi française, présumé innocent… Alors même que l’on voit bien que la justice américaine le présume coupable…

Répétons-le, si par un improbable retournement de situation DSK devait être innocenté de façon éclatante et réhabilité par l’opinion publique jusqu’à gagner finalement l’Elysée, ceux qui aujourd’hui le traînent dans la boue s’excuseront-ils à genoux ?

En attendant, beaucoup singent à Paris la morale anglo-saxonne. Car de fait, c’est moins pour un viol qui demeure supposé que Strauss-Kahn est cloué au pilori par nos pères et mères la morale, que pour les innombrables dragues lourdingues, tactiles et parfois enflammées dont nombre de femmes, semble-t-il, font état, sans qu’on sache d’ailleurs très bien en quels termes exacts (horrifiées, choquées, scandalisées, amusées, ou encore flattées… ?). Ici, la rumeur tient lieu d’information, voire de preuve absolue… Et en tout cas, le pays de Marivaux et de Feydeau en prend ces temps-ci un coup dans l’aile…

On n’est plus à ça près, dira-t-on. Après l’anglais partout, la jeunesse américanisée à tout-va, l’assujettissement politique de Paris aux Etats-Unis ; après, en autres ignominies, la Côte d’Ivoire sacrifiée (mais quel Français se rappelle encore, au-delà de l’ignominie colonialiste, ce que fut jadis l’histoire d’amour que connurent la Côte d’Ivoire et la France ?) et la Libye sous les bombes conformément aux vœux, dans les deux cas, du grand frère américain ; il nous reste encore à broyer notre gauloiserie et notre légèreté, à son exemple, comme on a chassé la Gitane du zinc…

Au fond, il est ironique mais pas illogique que celui qui était peut-être le futur très mondialiste président de la France (qui, en tant que chef du FMI, s’exprime en anglais, même à Paris) soit jugé dans un tribunal américain, et croupisse dans une prison yankee. Puisqu’après un demi-siècle de Ve République, la France est devenue leur valet et leur chose, leur clone en miniature…


Alexandre Gerbi







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1 Comments:

At 18/6/11 00:15, Blogger Le Gall : Décrypter Le Système Pyramidall said...

pas juste "américaniser" qui est flou, "enjuiver" !

 

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