5 juil. 2010

Vidéo : De Gaulle / Décolonisation



De Gaulle / Décolonisation


Une interview d'Alexandre Gerbi
par Raphaël Tribeca

Hôtel Lancaster, Paris, octobre 2006








Nous le répétons depuis quelques mois, dans les coulisses du pouvoir, des partis politiques, des médias, en France comme en Afrique, plus personne n'ignore ni ne conteste, à l'heure qu'il est, que c'est l'Etat français qui largua l'Afrique il y a cinquante ans, pour des raisons infâmes et selon des moyens particulièrement retors et criminels.

La vérité, énorme et vertigineuse, est sur le point de triompher, par la force des choses. C'est-à-dire d'être révélée, après cinquante ans de mensonges, de néocolonialisme, de goinfrerie et de désastres qui ont détruit, selon des voies inversées, l'Afrique et la France.

On sait comment, depuis cinquante ans, à peine sortie du colonialisme, l'Afrique fut ravagée à coups de manipulations politiques, d'assassinats, de magouilles dans tous les sens, sur fond d'infini mépris pour les populations africaines.

Or à force de durer (cinq décennies au total), le grand délire a aussi gangréné la France, en engendrant une société minée par ses contradictions, que l'Etat et ses ramifications s'employa à masquer en manipulant et en mentant aux Français et aux Africains. Objectif : les diviser et les opposer afin de mieux abuser d'eux, tout en se posant en Sainte Inquisition de l'Anti-racisme. L'Etat blanciste travesti en héraut fanatique de la lutte antiraciste, quelle audace, et quel jeu d'apprenti sorcier !

Au bout du processus, la société, gavée d'idées fausses et poussée par tous les moyens vers la soif de revanche, menace d'exploser à la figure de l'Etat français et du Système, dans un vaste écroulement du pays que tout le monde voit arriver gros comme une montagne. D'autant que cet effondrement est commencé, sous nos yeux, depuis bien des années.

Cette interview date d'octobre 2006. Près de quatre ans plus tard, le gigantesque scandale qui engendra et façonna la Ve République blanciste demeure. Il est encore tabou d'avancer que le régime de la Ve République fut fondé sur le Mensonge (avec une majuscule), puis procéda à la trahison du peuple, de l'Afrique, de la France, enfin de la République. Tout cela, on peut le comprendre, demeure l'objet de bien des crispations.

Alors pour noyer le poisson, tandis que chacun, en haut lieu, sait de quels crimes Charles de Gaulle et ses amis se sont rendus coupables à partir de 1958, le culte du Général n'a jamais été aussi caricatural et même paroxystique. A telle enseigne que la mairie (socialiste !) de Paris, sous couvert de célébrer le 70e anniversaire de l'appel du 18 juin, a pu se permettre d'afficher un portrait gigantesque de Charles de Gaulle sur la façade de l'Hôtel de Ville, tandis que tous les médias français chantaient en choeur, en ce mois de juin 2010, au mépris de toute nuance, les louanges du grand homme. Non sans quelque obscénité, tandis qu'on est censé fêter cette année le Cinquantenaire des prétendues "indépendances" africaines...

Dans quelques mois, dans quelques années, quand seront révélés officiellement et connus de tous les incommensurables crimes et trahisons suprêmes de Charles de Gaulle et de ses alliés entre 1958 et 1962, pareil offense à la République et à la démocratie, à l'Afrique et à la France, à l'esprit de 1789 et de la Révolution, ne sera plus possible.

Et notre époque sera, à coup sûr, très sévèrement jugée.

Alexandre Gerbi





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