23 juil. 2012

Crise de la zone euro : suicidaire orthodoxie




Crise de la zone euro :

suicidaire orthodoxie



 par

 Alexandre Gerbi




La politique complètement folle conduite par le gouvernement espagnol et qui pousse le peuple dans la rue devrait être immédiatement arrêtée. Mais il se trouve que cette politique folle est voulue par Bruxelles.

Comme je l’écrivais déjà il y a deux ans dans Rue89, et encore en septembre dernier sur le blog Fusionnisme, il est grand temps que la banque centrale européenne change de politique. Au besoin, il serait bon que chacun soit prêt à descendre dans la rue pour y contraindre la BCE.

Les choses allant de mal en pis à mesure que les mois et les années passent, il faut d'urgence que la BCE verse, en trois tranches, 2000 à 3000 milliards d’euros (sans contrepartie, c’est-à-dire sans bons du trésor en échange, contrairement à la pratique habituelle - cf. nos précédents articles) afin de relancer les économies grecque, espagnole et portugaise, ainsi que tous les pays de la zone euro. Car même l’Allemagne a besoin d’une politique de relance, quand on sait les millions de travailleurs pauvres que compte ce pays pourtant régulièrement cité en modèle.

La première tranche permettra :

-          de nationaliser les banques en difficulté
-    de nationaliser certaines unités de production industrielle stratégique (acier, automobile, savoir-faire dans tous les domaines)
-          d’aider les états à rembourser une partie de leurs dettes
-        de faire de l’euro un outil de relance de l’activité, notamment par la facilitation du crédit en particulier auprès des petites et moyennes entreprises.

Mécaniquement, un tel recours à la planche à billets devrait conduire l’euro à connaître une légère érosion face aux autres devises, ce qui accroîtra la compétitivité des entreprises de la zone euro.

La seconde tranche, débloquée dans les deux ans, permettra d’accompagner le processus, en poursuivant sur les mêmes lignes, mais aussi en lançant de grand travaux et finançant la recherche et surtout dans le lancement de partenariats étroits (en particulier dans le domaine de la scolarisation, la santé, l’économie) proposés aux Etats africains, l’Afrique étant le partenaire principal et incontournable de l’Europe pour les prochaines décennies.

La troisième tranche, débloquée dans les cinq ans, permettra de prolonger ces différentes actions.

Evidemment, si ces plans se révèlent efficaces, rien n’empêchera de procéder au versement de nouvelles tranches, pour poursuivre l’aide au développement général…

Ceux qui nous dirigent seront-ils assez fous pour refuser cette solution, au nom d’un dogmatisme monétariste absurde, jusqu’à détruire l’euro plutôt que de s’en servir « hors des clous » ? Quitte à basculer ainsi nos économies, une fois l’euro disparu, dans le désastre…

Alexandre Gerbi

19 juil. 2012

Fabius à Alger ou Bouteflika et Hollande ou La créature et son créateur ou Il est minuit Docteur Frankenstein



Fabius à Alger

ou

Bouteflika et Hollande

ou

La créature et son créateur

ou

Il est minuit Docteur Frankenstein




par

Alexandre Gerbi





L’Etat algérien et l’Etat français entretiennent les rapports malsains de la créature avec son créateur, quand celui-ci, le créateur, a le visage du Docteur Frankenstein.

Le mensonge est leur lot commun. Car il faut cacher, précisément, ce lien de créature à créateur et, bien sûr, de créateur à créature, ce ballet se dansant à deux, selon une dissymétrie particulièrement riche en sens uniques et en culs-de-sac…

« Cachez ce lien que je ne saurais voir ! » tel semble être le maître-mot d’Abdelaziz Bouteflika à François Hollande (et vice-versa) – représenté ce lundi 16 juillet à Alger par Laurent Fabius – tout affairés, encore et toujours, à masquer la vraie nature du lien qui les unit.

C’est sûr, tous les deux connaissent par cœur leur récitation. Pour la galerie, la « colonie » Algérie (ou, si l’on est plus érudit, les départements) s’est battue unanimement pour son indépendance, et ces rapports perpétuellement tendus entre les deux Etats sont le fruit de l’affrontement initial et fondateur. Ceci explique, nous dit-on, pourquoi la France était persona non grata aux cérémonies du 50e anniversaire de l’indépendance, célébrées il y a quelques jours, à Alger.  En réalité, cet entrechat diplomatique vise, en nous refaisant pour la énième fois le coup de la brouille, à mieux cacher les liens de complicité totale, de collusion intime, les petits et les grands secrets, les intérêts communs à la créature et à son créateur…

D’ailleurs, au-delà des bisbilles montées en épingle et des rancœurs en carton pâte, Abdelaziz Bouteflika et François Hollande sont exactement sur la même longueur d’onde sur le chapitre historiographique : avec l’aide du grand prêtre Benjamin Stora (omniprésent sur les deux rives de la Méditerranée pour dispenser la bonne parole en ce cinquantenaire (1)) ils sont bien d’accord pour proclamer très officiellement qu’en 1962, il y a tout juste cinquante ans, la France, enfin lucide car enfin gouvernée par le grand général de Gaulle, s’est rendue à l’évidence d’un divorce inéluctable avec l’Algérie.

Nos deux compères, François et Abdelaziz, savent pourtant parfaitement, mais cela ils ne le disent pas, que le barréso-maurrassien de Gaulle méprisait les Algériens, arabes ou berbères, qu’il appelait indistinctement les « Bougnoules », et avait compris (c’est le cas de le dire…) qu’en leur accordant l’égalité des droits, il métamorphoserait la France. « Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Eglises mais Colombey-les-Deux-Mosquées. », expliquait-il en coulisses. Le bonhomme en ayant au moins autant, bien entendu, au service des « Nègres »…

Alors de Gaulle décida que l’Algérie serait « indépendante », comme le reste des territoires (et surtout des populations…) d’Afrique. Et pour en finir avec les millions de Harkis, d’Algériens francophiles ou pro-français, de Pieds-Noirs qu’il trouvait malencontreusement sur sa route, il s’allia tout simplement avec le FLN. Ainsi les uns furent massacrés en masse, les autres collectivement chassés du pays, toujours avec la bénédiction du Général.

C’est sur cet exode (plus d’un million de personnes sur une population de dix) doublé d’un gigantesque bain de sang (selon les historiens, entre 45.000 et 150.000 morts, peut-être 200.000, voire davantage…), tant de forces vives et de joies perdues, qu’a été fondée l’Algérie contemporaine, avec le FLN placé à sa tête dans le rôle du nettoyeur.

Nation apocalyptique, on le voit, puisque, dans l’esprit de celui qui tirait les ficelles, Charles de Gaulle, l’option FLN permettait de briser définitivement tous les liens humains ou affectifs qui, tôt ou tard, eussent pu reconduire à une fraternité franco-algérienne. C’est-à-dire à une réunification franco-africaine lourde en dangers de métissage (2)...

Désormais brisé, désorganisé, terrorisé, amputé d’une partie de lui-même, ce qui restait du peuple algérien fut soumis à un gigantesque bourrage de crâne par le régime que l’ancien maître avait choisi pour son aptitude à servir une idéologie nationaliste des plus radicales, mais aussi pour son talent à transformer une « indépendance » exaltée ad nauseam en formidable hold-up, avec ce titre accrocheur : main basse sur les hydrocarbures… et sur tout le reste !

Ainsi l’Algérie prétendument souveraine sombra dans la tyrannie et la manipulation surmultipliées, sous l’œil bienveillant du général de Gaulle, orfèvre en ce domaine, fondateur de la glorieuse Ve République bâtie sur le cadavre de l’unité franco-algérienne. Opération réussie, puisqu’il ne viendrait aujourd’hui à l’esprit d’aucun officiel algérien (ou français, ou franco-algérien) d’émettre le moindre doute au sujet de la thèse officielle, comme le fit, par exemple, l’ambassadeur Henri Lopes, à propos des indépendances en Afrique subsaharienne (3).

Alors à un demi-siècle de là, lors d’un tout petit voyage de l’an 2012, à travers Laurent Fabius, François Hollande comme avant lui tous ses prédécesseurs, prétend donner un « nouvel élan » afin de bâtir la réconciliation, tout en continuant, simultanément, de perpétuer les mensonges qui ont permis de tout détruire…

A l’heure où ses plaies, ses mensonges et névroses postcoloniaux menacent de disloquer la France et achèvent de ravager l’Afrique, impossible gageure ou démarche paradoxale ?

Les deux, Docteur Frankenstein, pardon, Monsieur le Président…

Alexandre Gerbi




2 juil. 2012

Crime spirituel contre l’humanité à Tombouctou





Crime spirituel 


contre l'humanité


à Tombouctou




par 

Alexandre Gerbi




Scandaleuse, monstrueuse, véritable crime spirituel contre l’humanité, la destruction actuellement en cours des mausolées de Tombouctou (selon le Monde du 01/07/2012, les tombeaux de Sidi Mahmoud, Sidi Moctar et Alpha Moya auraient été détruits « en quelques heures » samedi, tandis que France Inter parle ce lundi matin de « sept mausolées détruits sur les seize que compte Tombouctou ») devrait immédiatement déclencher, dans un monde lucide et responsable, une opération armée de grande envergure, pour mettre dans les plus brefs délais ces trésors sans prix de l’histoire humaine à l’abri de la barbarie.

Devant cette irréparable horreur, comment le Maroc peut-il être le seul à appeler à une intervention internationale ?

Touchant à cette région du monde où ses responsabilités historiques et politiques sont immenses, l’inaction de la France est criminelle, qui se borne à de pieuses condamnations.

« La France condamne la destruction délibérée de mausolées de saints musulmans dans la ville de Tombouctou par un groupe islamiste extrémiste qui contrôle cette ville du Mali. Nous appelons à la fin de ces violences et de cette intolérance. La violation systématique de ces lieux de recueillement et de prières, qui représentaient depuis des siècles une partie de l'âme de cette prestigieuse cité sahélienne, constitue un acte intolérable alors que la communauté internationale, par une décision de l'Unesco, avait inscrit ces sanctuaires au patrimoine mondial de l'humanité depuis 1988 », a ainsi déclaré Bernard Valero, porte-parole du ministère des affaires étrangères français.

Mais de la part de notre pauvre et lamentable pays, il est vrai que nous ne sommes plus à cela près...

Au passage, François Hollande se montre aussi incapable que prévu…

Puisse les heures à venir nous donner cent fois tort.

 Alexandre Gerbi